Amblainville : XPO licencie un salarié en s’appuyant sur la vidéosurveillance

Le syndicat CFDT conteste la décision de l’entreprise de logistique, accusée de détourner à d’autres fins l’usage des caméras.

 Des salariés de XPO logistics ont débrayé ce vendredi deux heures à l’appel d’une intersyndicale nationale, et aussi pour soutenir un collègue licencié
Des salariés de XPO logistics ont débrayé ce vendredi deux heures à l’appel d’une intersyndicale nationale, et aussi pour soutenir un collègue licencié LP/F.C.

    Le 3 juillet, le licenciement d'Hervé B. sera effectif. Le quinquagénaire a été renvoyé, après trente ans passés dans la société de logistique XPO, jadis basée dans le Val-d'Oise, aujourd'hui implantée à Amblainville. Il n'aurait pas respecté les procédures de chargement de colis. Une « décision disproportionnée », selon Michel Maîtrepierre, délégué syndical CFDT, qui conteste le rôle des caméras dans ce licenciement. Mi-juin, des salariés de l'entreprise débrayaient deux heures pour soutenir leur collègue.

    Les faits reprochés à Hervé B., chef d'équipe, se sont déroulés en mars. Il explique avoir chargé des produits dans les camions, alors qu'il n'aurait pas dû le faire eu égard à sa fonction, faute d'effectifs suffisants. « A chaque chargement, on doit prendre des photos pour laisser des traces et montrer que le travail est bien fait, explique-t-il. Or, à l'époque nous avions un appareil pour six quais de chargement. » Le chef d'équipe ne prend donc pas de photos. Par la suite, l'un des colis étant abîmé, le client, « a demandé des photos », poursuit le salarié.

    Un débat pourtant tranché en 2016

    Faute de pouvoir accéder à cette requête, la société a eu recours à la vidéosurveillance. Pour Michel Maîtrepierre, « les caméras sont prévues contre les intrusions et les vols, mais jamais pour surveiller. C'est cela qu'on reproche à la direction ». Les comptes rendus des instances représentatives (CE et CHSCT) font état de ce débat entre syndicat et direction en 2016. Cette dernière a affirmé, lors de ces réunions, que la vidéosurveillance « a pour but la sécurisation des produits et non pas la surveillance du personnel à l'intérieur du dépôt ».

    Les images montreraient le salarié en train de pousser un colis au sol avec le chariot électrique. Un manquement à la procédure qui a justifié le licenciement. « Nous avons des standards concernant notre service client et attendons de tous nos employés qu'ils respectent nos procédures », confirme une porte-parole de XPO. Interrogé sur la question de la vidéo en entreprise, Marc Baclet, avocat à Beauvais, estime que d'une façon générale, « l'employeur n'a pas le droit de motiver un licenciement sur la seule base de la vidéosurveillance dès lors que cette vidéo n'était pas officiellement destinée à cela ».