Dans les airs, Hayette laisse son handicap au sol

Frétoy-le-château. Aujourd'hui s'ouvrent les Championnats de France handisport de parachutisme. Hayette Djennane, 24 ans, remet son titre en jeu.

Quand elle s’élance à plus de 4 000 m d’altitude, Hayette est en tandem avec Daniel Durand, le directeur technique de l’école de parachutisme de Frétoy-le-Château.
Quand elle s’élance à plus de 4 000 m d’altitude, Hayette est en tandem avec Daniel Durand, le directeur technique de l’école de parachutisme de Frétoy-le-Château. (Marie-Agnès Dizien.)

    Pas de saut en parachute pour Hayette Djennane dimanche dernier. La faute à ce fichu vent qui refuse de se lever sur la plaine de Frétoy-le-Château, commune du nord-est de l'Oise. Trop dangereux pour l'atterrissage de la jeune femme dans ces conditions. Mais pas de quoi effacer cet indéfectible sourire qui lui mange le visage. D'autant qu'il n'est pas question de prendre le moindre risque pour la championne de France de voltige aérienne catégorie handisport, qui remet en jeu son titre aujourd'hui à Vichy (Allier).

    A 24 ans, la championne, licenciée au paraclub les Ailes du Noyonnais (PCAN), est atteinte d'une myopathie des ceintures. Une maladie rare d'origine génétique qui se manifeste par une diminution progressive de la force de ses muscles. « Ils peuvent ne pas répondre au moment où je le souhaite. C'est une réelle contrainte. Je ne suis pas libre de mes mouvements », explique Hayette.

    Mais ce que la jeune femme perd en termes de capacité musculaire, elle le compense par toujours plus de technique. « Elle fait des progrès à chaque saut », sourit Daniel Durand, le directeur technique de l'école de parachutisme de Frétoy-le-Château, qui saute en tandem avec Hayette. Car la voltige aérienne catégorie handisport est d'abord un travail d'équipe.

    Aux côtés de Daniel, son « ange gardien », il y a aussi les preneurs d'images, Hervé et Marie-Agnès Dizien, qui accompagnent Hayette depuis ses premiers sauts, en 2010. C'est à partir de leurs enregistrements que les juges noteront la performance de la parachutiste. Une fois en l'air, à 4 000 m d'altitude, elle enclenche ses tours, à l'aide de ses deux mains. « Quatre tours alternés. Un à droite, un à gauche, un à droite, un à gauche, débite Hayette. J'ai gagné en secondes. Aujourd'hui, je fais les 4 tours entre 13 et 16 secondes. Mais je dois encore faire mieux. »

    Hayette, c'est aussi ça. Une compétitrice à part entière. Une acharnée du chrono. « Une seconde, c'est une seconde ! » Un mental à toute épreuve précieux dans sa lutte contre le temps et la maladie qui s'installe. « J'irai jusqu'au bout des choses », martèle la championne. Pas le moment de penser à demain. L'heure est à la concentration avant le début du Championnat de France. Car, en face, la concurrence sera rude : « Je suis un peu stressée, je dois gérer la pression, je dois prendre le recul nécessaire. »

    Pour cela, elle peut compter sur l'environnement apaisant de l'espace interclubs de Frétoy-le-Château. « J'aime l'ambiance qui y règne, je suis comme à la maison ici. Voir tous ces champs depuis le ciel, c'est une certaine vision de la vie. C'est ma bouffée d'oxygène... »