Lacroix-Saint-Ouen : la déléguée CGT de Webhelp licenciée 2 mois après le débrayage

Lacroix-Saint-Ouen : la déléguée CGT de Webhelp licenciée 2 mois après le débrayage

    « C'est du pénal, c'est aussi ce qui nous a poussés à prendre cette décision ». Ferdinand Chauchat, directeur du site Webhelp de la zone de Mercières à Lacroix-Saint-Ouen, justifie ainsi le licenciement à venir de Bélinda Hafir, déléguée CGT au sein du centre d'appel. « Représailles », répond le syndicat.La direction reproche à la cégétiste d'avoir consulté, à titre privé et dans le cadre de ses fonctions, le dossier clientèle de sa voisine, avec qui elle entretient des relations houleuses. Car Bélinda Hafir assure le service client d'une entreprise qui sous-traite cette tâche à Webhelp. Elle a donc à sa portée beaucoup d'informations. « Une plainte a été déposée auprès de la gendarmerie d'Attichy, précise le directeur. Nos employés signent une charte de confidentialité. »Selon le dossier constitué contre la salariée, depuis le 18 avril 2015, elle aurait consulté à trois reprises le compte client de sa voisine sans toutefois en modifier une ligne. Pour la CGT et pour Bélinda Hafir, cette histoire a été montée de toutes pièces. « On lui reproche surtout le débrayage organisé en décembre dernier pour que les conditions de travail soient améliorées, croit savoir Jérôme Pottier, secrétaire général de la CGT FAPT (fédération des activités postales et de télécommunications) dans l'Oise. Les attaques ont commencé à pleuvoir après ce mouvement. »En cinq ans d'existence, il s'agissait là de la première grève pour l'antenne compiégnoise de Webhelp. « Si nous dépassons notre temps de pause, nous ne pouvons plus aller aux toilettes », déplorait alors une salariée.D'après le syndicat, Bélinda Hafir en donc a payé le prix fort, notamment en se voyant privée de ses moyens de travail liés à sa condition de salariée handicapée. Sur ce volet, la direction dénonce des raccourcis sortis du contexte : « Mme Hafir a une souris spéciale connectée sans fil avec une clé USB. Après un changement de poste, elle n'a pas eu de clé USB pendant une heure. » L'inspection du travail a diligenté une enquête à ce sujet. Elle doit aussi valider le licenciement, Bélinda Hafir étant salariée protégée. « Si elle a été amenée à ouvrir le dossier de sa voisine, c'est uniquement dans le cadre de ses fonctions », plaide encore Jérôme Pottier.Bélinda Hafir a été reçue pour un entretien préalable à son licenciement le 9 février dernier. Un comité d'entreprise a aussi voté cette mesure. « Les quatre représentants de la CFDT ont voté pour », se désole Jérôme Pottier. Mardi dernier, un débrayage a été organisé par la CGT devant les locaux de Webhelp. Un nouveau piquet de grève est prévu dans les jours qui viennent. Contactée, Bélinda Hafir n'a pas souhaité s'exprimer.