Les archives départementales mettent en lumière le patrimoine méconnu de l’Oise

L’exposition qui a débuté mardi s’attarde sur 12 lieux du département, parfois aujourd’hui disparus.

 Aux archives départementales de l’Oise, une nouvelle exposition dévoile de nombreux pans méconnus de l’histoire du département.
Aux archives départementales de l’Oise, une nouvelle exposition dévoile de nombreux pans méconnus de l’histoire du département. LP/Juliette Duclos

    Au milieu de la salle d'exposition trône un bloc sculpté dans la pierre calcaire. « On sait que c'était la tête d'une divinité de l'époque romaine, mais on ne sait pas laquelle, souffle Frédéric Giraudet, responsable de l'action culturelle aux archives départementales de l'Oise. Il faut l'imaginer avec des yeux de mosaïque de marbre. Cela devait être impressionnant… »

    Car au IIe siècle après Jésus-Christ, cette tête ornait l'une des 13 à 17 arcades qui permettaient l'accès à un lieu de culte, situé sur l'actuelle commune de Pont-Sainte-Maxence. Impossible de le visiter, mais on l'imagine désormais.

    Depuis mardi et jusqu'au 30 juin prochain, aux archives départementales de l'Oise*, une exposition propose de découvrir le « destin » de 12 monuments de l'Oise, entre la flèche de la cathédrale de Beauvais, l'église de Formerie ou encore le château de Merlemont à Warluis…

    LP/JD.
    LP/JD. LP/Juliette Duclos

    Résidence de Pépin le Bref et antiquité

    Si certains ont été sauvés des ravages du temps, d'autres ont ainsi définitivement disparu, à l'instar de ces portails romains. « Cette immense façade s'est écroulée d'elle-même, pointe le responsable. Il a dû y avoir un affaissement du terrain qui n'a pas été pris en compte par les bâtisseurs de l'époque. »

    Toute trace du monument s'est effacée au fil des siècles, jusqu'à des fouilles archéologiques menées préalablement à l'installation d'une zone commerciale, en 2014. « Il y a une station-service à l'emplacement présumé », complète Clotilde Romet, directrice des archives départementales.

    D'autres documents d'archives témoignent d'un palais carolingien à Verberie, dont « rien ne laisse présumer son existence aujourd'hui ». Pourtant, dès 752, ce logement royal accueillait tout le gratin. « C'était la résidence de Pépin le Bref », complète Frédéric Giraudet. Avant que les rois suivants ne lui préfèrent le Palais de Compiègne…

    LP/Juliette Duclos
    LP/Juliette Duclos LP/Juliette Duclos

    Le patrimoine qui évolue

    Un peu plus loin dans la salle, le regard s'attarde sur les multiples vies du château de Circus, édifié par un seigneur local aux alentours de 1060. Rénové à la Renaissance, ce bâtiment connaîtra une fin dramatique. En 1833, il est vendu par un marquis local et sera démantelé.

    Les arcades encore debout seront transférées chez des particuliers. « À l'époque, on cherchait à avoir des ruines dans ses jardins, pour créer une atmosphère romantique, c'était à la mode », précise Frédéric Giraudet. Il sourit : « Aujourd'hui, on serait très choqué que quelqu'un prenne un bout de château mais c'était assez courant. »

    Au travers cette exposition, c'est la notion même de « patrimoine » qui est interrogé. « C'est vraiment dans les années 1970 qu'est née une réflexion sur la protection des monuments, avec notamment l'instauration des Journées du patrimoine », assure Clotilde Romet.

    Une « folie » bombardée

    La directrice poursuit : « Mais cette exposition montre que ce n'était pas si évident avant. Il y a des choses qui ont été protégées par des volontés personnelles et d'autres qui ont eu un destin plus dramatique. »

    C'est le cas de la tour Mennechet, cette « folie » architecturale, construite sur la commune de Chiry-Ourscamp, d'inspiration à la fois « gothique » et « mauresque ». Au XIe siècle, Mennechet de Barival décida de la construire pour honorer la mort de sa femme. Avec 237 marches qui menaient à son sommet, cette tour « dominait toute la vallée ».

    « Elle a été complètement détruite pendant Première Guerre ; mondiale, bombardée à la fois par les alliés et les Allemands », raconte Frédéric Giraudet. Le reste du château existe toujours dans la commune. « Enfin, sa carcasse, car il n'y a plus rien dedans. »

    *Ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 17 heures, au 71, rue de Tilloy, à Beauvais. Pour rappel, les conditions d'accueil du public sont susceptibles d'évoluer en fonction du contexte sanitaire. Renseignements : 03.44.10.42.00