Les chercheurs de métaux vivent leur passion cachés

Pièces, dés à coudre, boutons... Ce couple donnerait bien ses trouvailles à un musée, mais il a peur d'être sanctionné. Ils seraient un millier d'Oisiens à pratiquer ce loisir.

Dans le Valois, le 19 avril. Le meuble où le couple stocke ses trouvailles a des airs de petit musée personnel. Des pièces de monnaie, des ustensiles de cuisine et de nombreux dés à coudre y sont bien rangés.
Dans le Valois, le 19 avril. Le meuble où le couple stocke ses trouvailles a des airs de petit musée personnel. Des pièces de monnaie, des ustensiles de cuisine et de nombreux dés à coudre y sont bien rangés. (LP/N.G.)

    Tout est bien rangé dans une petite pièce où Daniel* a aménagé un atelier spécial. Dans son secrétaire, lui et son épouse Jennifer* stockent leurs trésors. Un petit musée personnel. Le couple fait depuis 30 ans de la détection de métaux. Ils seraient un millier d'Oisiens à pratiquer ce loisir. Entre 40 000 et 50 000 en France.

    Mais dans l'Oise, ces Indiana Jones doivent se cacher pour chercher. Depuis 1997, un arrêté préfectoral interdit la détection de métaux. Les chercheurs trouvent donc des techniques même si les verbalisations sont rares. « Une fois, les gendarmes ne nous ont rien dit. Ils doivent pourtant savoir que c'est interdit. » Les chercheurs se mettent en cheville avec des propriétaires de terrain et expliquent, en cas de contrôle, être en quête d'un objet perdu.

    Tout a commencé pour le couple par un cadeau d'anniversaire : pour les 30 ans de Jennifer, Daniel lui offre un détecteur, une « poêle à frire ». Son coût : entre 150 et 1 500 €. « Nous nous sommes pris au jeu », admet-elle. Dans les cases du secrétaire, ils ont rangé dés à coudre, pièces de monnaie, boutons. « On est contents quand on trouve quelque chose, glisse Daniel. On nettoie les objets avec une brosse à dents. Ce n'est pas nécessaire pour l'argent. Après, on étudie au binoculaire pour identifier. On a la documentation. »

    Jusqu'à 30 cm de profondeur

    La collection de pièces romaines est impressionnante. Il y a aussi une tête de cheval utilisée en 50 av. J.-C. comme passe fil au bout d'un mat de drapeau. Une vierge finement sculptée dans une balle en plomb, œuvre de soldats durant la Grande Guerre, ou une vieille montre. « On imagine l'histoire de ces objets », glisse Daniel. Pour être dans la légalité, le couple qui vit dans le Valois cherche parfois au grand jour en Seine-et-Marne. « J'aimerais pouvoir donner ce qu'on trouve à des musées de l'Oise, mais on a peur que ça se retourne contre nous », avoue Daniel.

    Jennifer présente un sceau, des boucles de chaussures. « On a l'œil maintenant. Quand des pierres remontent dans un champ, ça veut dire qu'il y avait des villages. Quand on va sur un terrain, on demande toujours l'autorisation à l'agriculteur. » Les détecteurs peuvent dénicher des métaux à 30 cm de profondeur. « Il faut toujours reboucher », prévient le couple qui se souvient d'un cultivateur leur lançant : « Allez-y, les sangliers ne me demandent pas. »

    * Les prénoms ont été modifiés.