Oise : quand le bruit en open space empêche les salariés de se concentrer

Ce mardi à Compiègne et jeudi à Creil, la médecine du travail propose conférences et ateliers pour aider les entreprises à limiter les gênes liées aux bureaux collectifs.

 Compiègne, mardi. 93 % des salariés qui travaillent en bureau partagé se disent gênés par les bruits de leurs collègues.
Compiègne, mardi. 93 % des salariés qui travaillent en bureau partagé se disent gênés par les bruits de leurs collègues. LP/Elie Julien

    Votre voisin de bureau parle trop fort au téléphone et cela vous fatigue ? Des solutions existent. Face à la mode des bureaux collectifs ouverts où se côtoient des dizaines de salariés, la santé et médecine du travail de la Vallée de l'Oise (SMTVO) organisait, ce mardi à Compiègne et jeudi à Creil, des journées pour lutter contre le bruit.

    Employeurs et responsables des 53 000 salariés de l'Oise que suit le SMTVO sont invités à participer à ces ateliers. « Des études ont montré que toutes les contraintes au travail ont diminué pour les employés de tous les secteurs, sauf une : le bruit », présente le SMTVO.

    La médecine du travail a, depuis une loi de 2016, deux techniciennes chargées de mesurer le bruit dans ces espaces. Elles sont de plus en plus sollicitées. Rien qu'en 2018, 36 campagnes de mesure ont été réalisées à l'aide d'un dosimètre.

    En open space, c'est comme travailler avec un aspirateur allumé

    Cet appareil positionné pendant toute une journée de travail permet de mesurer les décibels. Dans des open spaces, le SMTVO a relevé jusqu'à 63 décibels. « Pour le salarié, c'est comme s'il travaillait avec un aspirateur en fonctionnement à côté de lui », retranscrit Émilie Lamy, technicienne en prévention.

    Avec sa collègue, elles ont ainsi réalisé 678 dépistages obligatoires du bruit, industrie et tertiaire confondus, en 2018. Au total, 17 852 employés ont aussi réalisé un test d'audiogramme pour évaluer leur audition.

    « Dans des bureaux ouverts, on a remarqué qu'on était interrompu en moyenne toutes les 11 minutes et qu'il fallait 25 minutes avant de se reconcentrer », poursuit la spécialiste.

    Des perturbations et un bruit de fond qui ont un effet sur les salariés. Avec près de 950 employés dans ses bureaux compiégnois, l'entreprise de service client Webhelp est directement concernée. Elle était présente aux ateliers de ce mardi.

    « J'ai 5 ou 6 salariés qui m'interrogent chaque mois, ils se demandent si ce bruit au bureau n'a pas d'impact, admet Émilienne Klein, l'infirmière de Webhelp. Je repars avec des réponses. »

    Des travaux d'insonorisation

    Cela peut avoir des effets sur « l'humeur, l'agressivité ou le rythme cardiaque », prévient la SMTVO. « Désormais, je vais prendre ce bruit de fond en compte lors de mes entretiens », explique le Dr Olga Latanowicz, qui a participé ce matin aux ateliers.

    La médecine du travail propose ainsi des conseils pour réaliser des aménagements. Quatre entreprises en ont bénéficié l'an dernier. « Les bouchons d'oreilles, même si certains ultra-perfectionnés peuvent permettre de passer des appels, sont le dernier recours », précise la technicienne.

    Alors chez Bestdrive, au Meux, où 50 salariés travaillent dans une pièce de 250 m², des travaux sont prévus. Car plusieurs salariés se sont plaints lors de leur visite médicale. 55 décibels ont été mesurés. « Avec les conseils du SMTVO, on fait installer un plafond absorbant des bruits pour 11 000 € », conclut Jean-Luc Philippe, responsable maintenance.

    Jeudi, de 8h30 à 12 heures au parc Alata, 3, rue des Prunelliers à Creil. Gratuit. Inscriptions : 03.44.66.59.61.