Pourquoi Méru est devenue la cité de la Nacre ?

Dans leur dernier ouvrage, Guy Vadepied et Jean-Louis Auduc, qui seront présents ce jeudi à la Manifacture, détaillent comment Méru, à son échelle, a participé à l’histoire avec un grand H. Un voyage dans le passé où l’on apprend comment et pourquoi Méru est devenue la cité de la Nacre.

Méru, avril 1909. La grève des boutonniers de Méru constitue un chapitre important du livre "Histoire nationale d'une petite ville de l'Oise" écrit par Guy Vadepied et Jean-Louis Auduc. Bibliothèque nationale de France
Méru, avril 1909. La grève des boutonniers de Méru constitue un chapitre important du livre "Histoire nationale d'une petite ville de l'Oise" écrit par Guy Vadepied et Jean-Louis Auduc. Bibliothèque nationale de France

    « C’est mon amour pour Méru qui m’a donné envie d’écrire cet ouvrage. » Ainsi parle Guy Vadepied, écrivain et ex député maire (PS) de Méru, au sujet de « Histoire nationale d’une petite ville de l’Oise », son dernier livre coécrit avec l’historien Jean-Louis Auduc. Un véritable voyage dans le passé de la Cité de la nacre, au croisement de l’Oise, de la Normandie et de l’Île-de-France.

    Première découverte : la filiation entre Méru et sa presque homonyme du Val-d’Oise, Méry-sur-Oise. « Des fouilles archéologiques avaient montré un lien avec l’abbaye Saint-Denis, à Méry, ce que nos recherches ont confirmé, raconte Guy Vadepied. Lassée des pillages des Vikings, cette dernière cherchait un lieu entre Beauvais et Méry pour y cacher ses richesses. Méru a été choisie à cause de ses galeries souterraines. »

    Une autre énigme est résolue grâce à ce livre : comment et pourquoi Méru est devenue la cité de la Nacre. « L’histoire qui dit que les commerçants parisiens du faubourg Saint-Antoine ont choisi Méru pour y faire garder leurs enfants est une légende, précise Guy Vadepied. D’abord, il existe des tabletiers (NDLR, fabricants d’objets, notamment en nacre) à Méru depuis le XIIIe siècle. »

    De quelques centaines d’artisans à 10 000 ouvriers

    S’y ajoute l’action des jansénistes (doctrine théologique à l’origine d’un mouvement religieux, puis politique et philosophique, qui se développe à partir du XVIIe siècle). « Le Beauvaisis est une terre janséniste, rappelle Guy Vadepied. Pourchassés, ces derniers viendront cacher leur argent à Méru tout en créant une confrérie avec les merciers de Paris. C’est ainsi que les artisans méruviens deviendront des petits patrons et la tabletterie l’identité de Méru. On passera de quelques centaines d’artisans à la fin du XVIIe à 10 000 ouvriers au début du XXe. »

    Et à nouveau, Méru croise la grande histoire avec les grèves de 1909 réprimées par le futur maréchal Joffre. « C’est la naissance du monde ouvrier, note Guy Vadepied. L’influence de Jean-Baptiste Platel, leader des boutonniers, a été considérable dans la transformation du syndicalisme anarchiste en un syndicalisme de masse acté par Léon Jouhaux lorsqu’il prendra la tête de la CGT. »

    Dans son voyage dans le passé, le lecteur croisera également quelques personnages historiques, comme le comte de Provence, propriétaire de la ville et futur Louis XVIII, Clotilde de Vaux, muse et égérie d’Auguste Comte, Alphonse Bulard, épidémiologiste, Jean-François Mimaut, consul d’Égypte, Charles Boudeville, un des fondateurs de la ligue de l’enseignement, ou l’aviateur Maurice Bellonte.

    Les auteurs présenteront leurs livres « Histoire nationale d’une petite ville de l’Oise » et « Grandeur et vicissitudes du pouvoir municipal » ce jeudi 3 janvier, à 18h30 à la Manufacture de Méru. Entrée libre.