Y a-t-il eu d'autres décès suspects au foyer pour handicapés ?

Quarante-huit heures après la fermeture du foyer pour handicapés et la mise en examen de son directeur pour homicide involontaire, la justice n'exclut pas d'autres décès suspects.

Y a-t-il eu d'autres décès suspects au foyer pour handicapés ?

    Le directeur du pavillon Girardin a Ermenonville a été mis en examen pour homicide involon- taire et placé sous contrôle judiciaire, a confirmé hier Chantal Berger, procureur de la République de Senlis. Le centre pour handicapés que dirigeait Gilles Vernier- Briesto est au cÅ?ur d'une enquête judiciaire. Celle-ci a révélé trois décès suspects et de graves négligences dans la prise en charge des malades. Le préfet a ordonné la fermeture administrative jeudi, et douze trachéotomisés ont été transférés d'urgence vendredi vers un centre spécialisé à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Ce foyer médicalisé, qui accueille des accidentés de la route, dans un état de grave dépendance, a depuis été confié à un administrateur judiciaire pour les prochains six mois. Comment la justice a-t-elle été amenée à s'intéresser à cette affaire ? Chantal Berger explique : « J'ai ordonné une enquête à la suite d'un signalement de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales sur les problèmes jugés très sérieux dans cet établissement, le 9 novembre dernier. J'ai donc mandaté la brigade de recherches de la gendarmerie de Senlis, avec le concours d'un médecin légiste, pour mener les investigations nécessaires afin d'établir ou non d'éventuels dysfonctionnements. »

    Le personnel abasourdi

    Le médecin légiste a été mandaté en qualité d'expert pour vérifier si les malades en place ont des traces de mauvais traitements et pour inspecter les dossiers médicaux des patients. « A la suite de cette enquête et au regard des éléments très inquiétants qui ont été relevés, j'ai décidé d'ouvrir une information judiciaire des chefs d'homicide involontaire, de mise en danger de la vie d'autrui, de délaissement de personnes et d'escroquerie », a alors précisé la procureur. La qualification d'homicide involontaire se justifie par la découverte, dans les dossiers médicaux, de trois cas suspects. « Mais il peut y en avoir plus dans cette affaire », a-t-elle souligné. « Pour ce qui est de l'escroquerie, il s'agit d'un volet financier lié aux remboursements de soins de la part de la Sécurité sociale. »

    Au pavillon Girardin, le personnel demeure abasourdi. « Ces derniers mois, il n'y a eu qu'un décès chez nous, sinon ils meurent tous à l'hôpital », précise un membre de l'équipe soignante. « Nous traitons bien nos résidants, pour certains, nous nous substituons à la famille. On nous a reproché des médicaments périmés, mais ils étaient stockés et nous ne les utilisions pas ! Les aides-soignantes ont les formations adaptées pour soigner des trachéotomisés. Certes, il n'y a pas toujours de médecin, mais nous appelons celui du service à côté si besoin et si c'est grave, nous faisons le 15 pour que les malades soient pris en charge », témoigne cet employé.