Syrie : cap sur Raqqa

En pleine bataille de Mossoul, la coalition lance l'offensive contre l'autre « capitale » de Daech.

    Opération Colère de l'Euphrate. Alors que la bataille de Mossoul, en Irak, entre dans sa quatrième semaine, une offensive d'envergure a démarré ces dernières heures, lancée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), pour reprendre Raqqa, en Syrie, l'autre « capitale » du groupe Etat islamique. « La grande bataille pour la libération de Raqqa et de sa province a commencé », a annoncé hier une commandante de la coalition arabo-kurde. Washington, qui dirige la coalition internationale antidjihadiste, a confirmé dans la foulée le début des opérations pour « isoler » la ville syrienne.

    Mais qui combat? « Ce seront automatiquement des forces locales qui viendront libérer Raqqa, même si les forces françaises, les forces américaines, la coalition contribuent par des frappes à ce qu'on puisse démanteler le dispositif de Daech, à Mossoul et à Raqqa », a précisé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, hier sur Europe 1.

    Ce week-end, l'offensive a donc débuté sous la houlette des FDS, alliance anti-Daech créée il y a un an, soutenue par les Etats-Unis et composée de 30 000 combattants en majorité des forces kurdes et arabes. Cette coalition a affirmé hier s'être mise d'accord avec les Etats-Unis pour écarter la Turquie des opérations.

    « La bataille ne sera pas facile », prévient un porte-parole des FDS, qui précise que l'opération doit se dérouler en deux étapes : « Libérer la province de Raqqa pour isoler la ville, puis contrôler la ville. » Ce dernier objectif pourrait prendre des mois. Pour cela, la coalition menée par les Américains a fourni « une première livraison d'arsenal et d'équipements, dont des armes antichars », explique le porte-parole des FDS. Tandis que « près de 50 conseillers et experts américains sont présents dans le centre d'opérations », assure une autre source, sous couvert d'anonymat.

    Les FDS le savent, « l'Etat islamique défendra son bastion car il sait que la perte de Raqqa signifie sa fin en Syrie ». « C'est la vraie capitale » de l'EI, affirmait mi-octobre le secrétaire d'Etat adjoint américain, Anthony Blinken, peu après le début des opérations militaires pour reprendre le bastion irakien de Mossoul. « C'est de Raqqa [...] que sont venus les ordres et les orientations, une certaine forme de logistique, qui ont amené le drame et la barbarie que nous avons connus », a d'ailleurs rappelé hier Jean-Yves Le Drian.

    De Raqqa, cette cité des rives du fleuve Euphrate, située non loin de la frontière turque, les djihadistes ont fait la « ville modèle » de leur califat autoproclamé. Les habitants ont basculé dans un régime de terreur. Le rond-point Paradis, au centre-ville, devenu un lieu d'exécutions et rebaptisé « rond-point de l'enfer », en est l'atroce illustration : les djihadistes y exposent des corps crucifiés...