CHRONOLOGIE. Emmanuel Macron, un parcours fulgurant ponctué de bourdes politiques

    A 38 ans, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a connu un parcours fulgurant. Prétendant s'exprimer «sans langue de bois» pour se mettre au-dessus des vieilles querelles entre gauche et droite, il aura multiplié les maladresses, et fabriqué une chronologie des plus médiatiques.

    VIDEO. Emmanuel Macron : une démission et après ?

    QUESTION DU JOUR. Comprenez-vous la décision d'Emmanuel Macron?  

    21 décembre 1977. Naissance d'Emmanuel Macron à Amiens (Somme).

    2004. Après un DEA de philosophie et Sciences Po, et l'ENA (promotion Léopold Sédar Senghor), il intègre l'Inspection générale des Finances.

    2006-2009. Prend sa carte au Parti socialiste.

    2007. Epouse Brigitte Trogneux, douze après sa rencontre avec sa professeur de français en classe de première au lycée La Providence à Amiens. 24 ans les séparent. Ce qui fait dire à Emmanuel Macron qu'il a des petits-enfants, ceux des trois enfants de sa femme.

    2007. Membre des Gracques, collectif de hauts fonctionnaires et d'anciens patrons soucieux d'encourager la gauche à se moderniser. Rapporteur général adjoint de la Commission pour la libération de la croissance présidée par Jacques Attali.

    Septembre 2008. Entre à la banque d'affaires Rothschild. Il en sera nommé associé-gérant après quatre ans à la faveur de la négociation du rachat par Nestlé d'une filiale de Pfizer.

    2010. Refuse de rejoindre le cabinet de François Fillon à Matignon. S'engage activement auprès de François Hollande dans la primaire socialiste.

    15 mai 2012 – 15 juillet 2014. Secrétaire général adjoint de la présidence de la République, chargé du pôle économie et finances.

    Octobre 2013. Le « socialisme de l'offre suppose de revisiter un des réflexes de la gauche, selon lequel l'entreprise est le lieu de la lutte des classes et d'un désalignement profond d'intérêts. (...) La gauche moderne est celle qui donne la possibilité aux individus de faire face, même aux coups durs. Elle ne peut plus raisonner en termes de statuts. La société statutaire où tout sera prévu va inexorablement disparaître », déclare-t-il à Médiapart.

    26 août 2014. A la surprise quasi générale, Emmanuel Macron est nommé ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique. A 36 ans, il n'a jamais détenu le moindre mandat électif.

    27 août 2014. Dans un entretien au Point réalisé juste avant sa nomination à Bercy, Emmanuel Macron estimait que, sur les 35 heures, « nous pourrions autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d'accords majoritaires, à déroger aux règles du temps de travail et de rémunérations ». L'entrée en matière a fait grincer jusqu'à Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui l'a mal accueilli.

    Novembre 2014. A l'Assemblée, l'ancien banquier d'affaires regrette que la réduction du temps de travail ait pu faire croire, notamment aux investisseurs étrangers, « que les Français ne voulaient plus travailler ».

    Janvier 2015. « Il faut des jeunes qui aient envie de devenir milliardaires », assure-t-il dans un entretien aux Echos.

    7 août 2015. Après 412 heures de discussions à l'Assemblée et au Sénat, des heures de mobilisation dans la rue, notamment des notaires, et le recours à l'article 49.3 à deux reprises, la loi Macron pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques est définitivement adoptée. Mais le texte, qui devait dynamiter les corporatismes et lever les blocages, a eu peu d'effets : selon les économistes, le bénéfice représenterait à peine 0,05% de croissance. Sur les 10 000 emplois attendus du fait de l'ouverture du transport en car, 1500 ont été créés.

    30 août 2015. « La gauche n'est pas exempte de critiques particulières. Elle a pu croire à un moment, il y a longtemps, que la politique se faisait contre les entreprises, ou au moins sans, qu'il suffisait de décréter et légiférer pour que les choses changent. Qu'il n'était pas nécessaire de connaître le monde de l'entreprise pour prétendre le régenter. Elle a cru que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C'étaient de fausses idées », lance le ministre devant un parterre de patrons à l'université d'été du Medef, l'avant-veille de l'université d'été du PS.

    Septembre 2015. Devant le groupe de réflexion En Temps réel, Macron affirme que le statut de fonctionnaires employés à vie n'est «plus justifiable dans le monde tel qu'il va ». « Nous allons progressivement entrer dans une zone – on y est déjà, d'ailleurs – où la justification d'avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus sera de moins en moins défendable ».

    6 avril 2016. Emmanuel Macron lance « En Marche! » un mouvement politique qu'il ne veut « ni de droite ni de gauche ».

    9 avril. En visite officielle à Alger, Manuel Valls appelle Emmanuel Macron à jouer collectif. « Chacun est dans son rôle pour élargir et a le devoir de rassembler pour le président de la République », affirme-t-il.

    14 avril. En déplacement à Londres, Emmanuel Macron regrette les confidences de sa femme Brigitte Trogneux à Paris Match. La communication à l'ancienne du ministre est moquée, les jeux de mots sur « en marche...arrière » fleurissent. «Mon couple, ce n'est pas une stratégie de l'exposer, c'est sans doute une maladresse», expliquera-t-il ensuite.

    16 avril. A un an du premier tour de l'élection présidentielle, un sondage Odoxa-Dentsu pour notre journal montre que 34% des Français souhaitent la candidature du ministre de l'Économie, bien loin devant Manuel Valls (15%) et François Hollande (5%). A gauche, ils ne sont que 11% à le propulser candidat, derrière Aubry (19%), Valls, Hollande et Mélenchon.

    12 juillet. Macron tient son premier grand meeting à Paris.

    Juillet 2016. « L'honnêteté m'oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste », lance-t-il au cours d'une iconoclaste visite « ministérielle » à Philippe de Villiers au Puy-du-Fou. Il précise faire partie d'un «gouvernement de gauche » et voulant « servir l'intérêt général », comme tout « ministre de la République. »

    11 août 2016. Nouvelle « une » de Paris Match. Au côté de sa femme en maillot de bain, Emmanuel Macron porte le regard au loin. Tout le monde retiendra la présence d'un nudiste sur une double page centrale.

    30 août 2016. Emmanuel Macron remet sa démission à François Hollande.