Passe sanitaire, 3e dose, emploi, retraites, nucléaire... ce qu’il faut retenir des annonces de Macron

Le chef de l’Etat, qui s’est exprimé en direct ce mardi soir, a notamment durci le cadre visant les personnes âgées qui ne reçoivent pas de dose de vaccin de rappel. Il a aussi consacré une grande partie de son intervention aux sujets économiques.

    Emmanuel Macron reprend la main dans une actualité désormais très électorale. Pendant un peu moins de 30 minutes, le chef de l’État a pris la parole ce mardi soir à la télévision, afin de faire le point sur la situation sanitaire liée au Covid-19 et rappeler aux Français qu’ils n’en ont pas encore fini avec le virus. Les ambitions élyséennes ne s’arrêtaient pas là. Le président de la République a aussi annoncé de nouvelles mesures (concernant notamment les doses de rappel et le passe sanitaire).

    Au-delà de l’épidémie, il en a profité pour évoquer les réformes à venir, défendre des mesures prises ces dernières semaines et qui n’ont à son goût sans doute pas assez imprimé chez les Français. Le tout en se projetant sur l’année prochaine. La campagne présidentielle n’est jamais bien loin.

    Situation sanitaire

    « Depuis près de deux ans nous sommes confrontés à une pandémie exceptionnelle, a-t-il démarré. C’est cela qui nous a conduits à décider à deux reprises d’un confinement ». Emmanuel Macron reconnaît que la France est confrontée à une reprise de l’épidémie. « Nous n’en avons pas terminé avec l’épidémie, prévient-il, ajoutant qu’il nous faudra vivre avec le virus et que la cinquième vague a commencé en Europe. Le chef de l’État a d’ailleurs rappelé que de nombreux pays européens étaient confrontés à une situation difficile.

    En France, si la situation est « plus favorable » tous les indicateurs sont en hausse (+ 30 % de cas quotidiens, + 20 % d’hospitalisations et d’admissions quotidiennes en soins critiques en une semaine), même si la situation reste encore maîtrisée.

    Dose de rappel obligatoire pour garder son passe sanitaire chez les personnes âgées

    Le Parisien l’écrivait ce mardi matin : conditionner le passe sanitaire à l’injection d’une dose de rappel pour les seuls plus de 65 ans était clairement l’une des mesures sur la table. Un changement dans un fichier code utilisé par les applications TousAntiCovid et TousAntiCovidVérif pouvait également le laisser présager. Emmanuel Macron l’a confirmé ce soir : à partir du 15 décembre, une personne âgée d’au moins 65 ans verra son passe sanitaire désactivé si elle ne reçoit pas de dose de rappel.

    À l’heure actuelle, 3 millions d’habitants âgés d’au moins 65 ans ont reçu une dose de rappel en France. Ce qui représente près de 70 % de ceux vaccinés il y a sept mois (et donc éligibles), et 21 % de toute la population dans cette classe d’âge.

    La dose de rappel pas (encore) obligatoire pour tous

    Aujourd’hui, hormis les habitants âgés d’au moins 65 ans, seuls ceux avec comorbidités et les professionnels au contact de personnes fragiles (dont les soignants) sont appelés à recevoir une dose de rappel. Une généralisation à toute la population adulte, comme en Israël par exemple, est « jugée » probable par la Haute Autorité de santé mais pas dans l’immédiat. Emmanuel Macron ne l’a d’ailleurs pas annoncé.

    Ouverture à la 3e dose pour les plus de 50 ans

    Le président de la République a tout de même opté pour un élargissement du public appelé à recevoir une troisième dose, qui concernera , à partir de « début décembre », également les 50-64 ans. Parmi les 13 millions d’habitants dans cette tranche d’âge, 1,7 ont été vaccinés il y a 6 mois et sont donc aujourd’hui éligibles au rappel.

    « Vaccinez-vous »

    6,6 millions d’habitants éligibles à la vaccination, c’est-à-dire âgés d’au moins 12 ans, n’ont reçu encore dose de vaccin. Le chef de l’État leur a mis la pression. « Vaccinez-vous, leur a imploré le président de la République. Vaccinez-vous pour pouvoir vivre normalement ». La vaccination des 5-11 ans n’est pas prévue à ce stade et n’a pas été évoquée par le chef de l’État. Les concernant, aucune décision ne sera a priori prise avant que l’Agence européenne des médicaments ne rende son avis, courant décembre.

    Rappel à l’ordre sur les gestes barrière

    La vaccination n’exonère personne du respect des gestes barrière, primordiaux dans la lutte contre la propagation de l’épidémie. Y compris les personnes vaccinées. Ainsi, Emmanuel Macron a justifié le maintien du port du masque à l’école dans les départements les plus touchés. « Nous avions tous un peu relâché nos efforts, et c’est bien normal. Il faut donc les reprendre », a précisé Emmanuel Macron.

    Macron défend une embellie économique

    Accusé à droite de « cramer la caisse » à des fins électorales, Emmanuel Macron a tenu à défendre son bilan économique. « Notre croissance dépasse les 6 %, notre chômage est au plus bas depuis 20 ans. Nous sommes l’un des seuls pays du monde où le pouvoir d’achat a continué d’augmenter », s’est-il félicité, promettant de viser, non sans se projeter, le « plein-emploi »

    Réforme des retraites

    La mesure est restée dans les cartons depuis qu’Emmanuel Macron a défait ses valises à l’Élysée. La réforme des retraites, sujet si sensible et repoussé à moult reprises. Ces dernières semaines, la ligne fixée était la suivante : le dossier ne sera pas ouvert tant que la situation épidémique restera menaçante. À dire vrai, le gouvernement lui-même était divisé sur l’opportunité de relancer une réforme aussi sensible si près de la fin du quinquennat. Certaines figures de la majorité, à commencer par François Bayrou et Richard Ferrand, estimaient même bien plus malin d’en faire l’un des axes majeurs d’une politique de second mandat présidentiel.



    Emmanuel Macron a choisi de rester sur cette ligne : « La situation sanitaire que nous vivons, le souhait unanime des organisations syndicales et professionnelles, la concorde (dont nous avons besoin) font que les conditions ne sont pas réunies pour lancer ce chantier », s’est-il justifié.

    Une nouvelle étape dans la réforme de l’assurance chômage

    En octobre dernier, le gouvernement avait acté la baisse des indemnités pour les nouveaux demandeurs d’emploi. Depuis le 1er octobre, ce sont ainsi 1,15 million de nouveaux chômeurs qui ont ainsi été concernés et impactés par cette mesure. Fort de l’amélioration de la situation économique évoquée plus haut, Emmanuel Macron a décidé d’aller plus loin en actant des mesures qui étaient déjà sur la table.

    Ainsi, les droits au chômage ne pourront être ouverts à compter du 1er décembre qu’aux demandeurs d’emploi ayant travaillé au moins six mois dans les deux dernières années, contre quatre mois actuellement, a annoncé le président de la République.

    Surtout, le contrôle de la recherche d’emploi sera renforcé. « Les demandeurs d’emploi qui ne feront pas de recherche active verront leurs allocations suspendues », annonce-t-il.

    Contrat d’engagement

    Le président de la République est également revenu sur une mesure annoncée par le biais de sa page Facebook le 2 novembre dernier. Le contrat d’engagement, qui permet à des jeunes de moins de 26 ans de toucher une allocation allant jusqu’à 500 euros par mois en échange d’un temps de formation ou d’accompagnement de 15 à 20 heures par semaine.

    Si la droite avait immédiatement accusé Emmanuel Macron de sortir le chéquier à des fins électoralistes, le détail de la mesure avait également suscité quelques déceptions du côté des syndicats. Car en juillet dernier, lorsqu’il avait esquissé les premiers contours du dispositif, le président de la République parlait de « revenu d’engagement », qui aurait dû profiter potentiellement à un million de jeunes Français. Le contrat d’engagement vise finalement 400 000 jeunes, dont 300 000 sont actuellement déjà dans le circuit, et basculeront en tant qu’actuels bénéficiaires de la garantie jeunes ou de l’Accompagnement intensif des jeunes (AIF).



    Emmanuel Macron a choisi de défendre sa mesure. « J’ai annoncé un contrat car aux droits que nous ouvrons correspondent des devoirs. ».

    Relance de la construction de réacteurs nucléaires

    Sur le nucléaire, justement, Emmanuel Macron a décidé d’accélérer la cadence. Le sujet a déjà imprégné la campagne présidentielle. Aussi, l’intervention télévisée du chef de l’État intervient deux semaines après que la gestionnaire du réseau électrique RTE a publié son rapport recommandant la construction de réacteurs type EPR.

    « Si nous voulons payer notre énergie à des tarifs raisonnable il nous faut continuer d’investir dans la production d’énergie décarbonée ». Pour y parvenir, Emmanuel Macron a promis la relance de la construction de réacteurs nucléaires, sans apporter plus de détails.

    Macron défend son plan France 2030

    Les investissements nucléaires faisaient partie du plan France 2030. Le 12 octobre dernier, le chef de l’État avait dévoilé un plan chiffré à quelque 30 milliards d’euros, dont une partie intégrée dans le budget 2022, censé permettre de garantir l’avenir et la souveraineté économique du pays. Des pans entiers de l’économie française sont concernés, allant de l’automobile, du nucléaire, de l’agriculture, du maritime, des biotechnologies et donc le nucléaire. Le président de la République défend son entreprise.

    « Notre objectif est clair : que les produits et les technologiques qui feront les emplois et les vies de 2030 ne viennent pas que des États-Unis et de la Chine mais aussi de France et d’Europe ». L’occasion pour lui de défendre la nécessaire entente européenne, à deux mois de la présidence française de l’Union européenne. « Nos partenaires ne sont pas des étrangers, ils sont confrontés aux mêmes vagues et aux mêmes orages ». Le président évoque un travail collectif pour « contrôler les frontières extérieures, bâtir une souveraineté industrielle et technologique ».