Nouveau gouvernement : Emmanuel Macron évoque une « ère nouvelle au Parlement » et appelle à nouveau à des « compromis »

Lors de sa visite au Havre aux côtés d’Édouard Philippe, il a salué son ancien Premier ministre tout en affirmant se concentrer sur les défis actuels du pays. Devant un Parlement fragmenté, il espère que les forces politiques parviendront à gouverner.

Emmanuel Macron s'exprimait après un bain de foule depuis Le Havre, le 12 septembre 2024. AFP/Benoit Tessier
Emmanuel Macron s'exprimait après un bain de foule depuis Le Havre, le 12 septembre 2024. AFP/Benoit Tessier

    Il plaide pour l’unité. Emmanuel Macron a évoqué jeudi une « ère nouvelle » avec un Parlement fragmenté, affirmant « espérer » que « les compromis se tisseront » entre les différentes forces politiques dans la constitution d’un gouvernement.

    « On a une ère nouvelle avec un Parlement qui représente la France dans sa diversité et qui va supposer des compromis. C’est au gouvernement de porter des projets, de faire passer des textes de loi, mais aussi d’administrer. Le président a ses compétences propres », a expliqué le président de la République, lors d’une visite commémorative au Havre aux côtés d’Edouard Philippe.

    Interrogé sur son rôle dans cette période inédite, notamment vis-à-vis du Premier ministre Michel Barnier, le chef de l’Etat a affirmé: « Je tiens le rôle que j’ai toujours tenu, en étant au contact de nos compatriotes. » « Après, c’est dans la durée, dans la pratique, que les choses vont se faire naturellement. Mais j’espère aussi que les compromis se tisseront pour le pays parce que c’est ce dont on a besoin », a-t-il ajouté.

    « On travaille dans une intimité »

    Il a en revanche refusé de s’exprimer sur sa relation avec Michel Barnier, issu des Républicains et qu’il a nommé à Matignon, affirmant se tenir à la même « ligne » depuis sept ans vis-à-vis du chef du gouvernement. « C’est comme ça que le bon fonctionnement des institutions se passe et que la France peut être bien présidée et bien gouvernée », s’est-il justifié.

    « On travaille dans une intimité, une confiance, mais on ne livre pas les choses à tout le monde dehors », a-t-il poursuivi. « Il travaille, il écoute, il concerte et il va bâtir », a-t-il dit au sujet de Barnier, qui a entamé une série de consultations avec les différents partis politiques représentés au Parlement, en se rendant notamment jeudi aux journées parlementaires des Républicains en Haute-Savoie.



    Le chef de l’Etat a enfin montré des signes d’ouverture sur la question du changement du mode de scrutin, alors que plusieurs familles politiques, comme le Rassemblement national ou au sein du Nouveau Front populaire, réclament la mise en place de la proportionnelle aux législatives.

    « Je pense que c’est un sujet institutionnel qui existe, qui n’est pas d’hier. Et je suis favorable à ce qu’on puisse se saisir de la question en demandant à des experts d’abord d’expliquer ce que ça veut dire, où cela irait, quel serait le schéma possible, pour que les formations politiques puissent s’exprimer dessus », a-t-il expliqué.

    Le président a également jugé qu’Édouard Philippe avait été « un Premier ministre formidable », mais n’a pas commenté la candidature à l’Élysée du maire du Havre, affirmant qu’ « on ne va pas se mettre en mode pause jusqu’en 2027 ».



    « J’ai choisi Édouard Philippe il y a sept ans car j’ai confiance en lui. Il a été Premier ministre formidable à mes côtés. Maintenant, moi, je suis surtout concentré sur ce qui se passe aujourd’hui et je veux que le pays réussisse », a expliqué le président de la République, assurant « voir loin » mais « essay (er) de faire les choses dans le bon ordre ».

    Le chef de l’État est venu dans le port normand, dont son ancien Premier ministre est le maire, pour commémorer sa libération du joug nazi en septembre 1944. L’invitation remonte au printemps. Une éternité : c’était avant la dissolution de l’Assemblée nationale, cette dissolution « mal pensée, mal expliquée, mal préparée », par laquelle Emmanuel Macron « a tué la majorité présidentielle », selon les mots d’Édouard Philippe, d’une dureté rare venant d’un « ami » politique.

    C’était avant la défaite macroniste aux législatives, et la situation inextricable d’une Assemblée sans majorité. Et c’était avant l’annonce de la candidature du Havrais « à la prochaine présidentielle », le 3 septembre dans Le Point.