Débarquement de Provence : Emmanuel Macron rend hommage aux « sacrifices » des soldats venus d’Afrique pour libérer la France

Le chef d’État a présidé, ce jeudi dans le Var, les commémorations du débarquement de Provence, survenu il y a 80 ans.

    Présent ce jeudi à Boulouris, dans le Var, pour le 80e anniversaire du débarquement de Provence, le président Emmanuel Macron a tenu à rendre hommage aux « sacrifices » des soldats venus d’Afrique pour libérer, aux côtés des Alliés, le sud de la France du joug de l’Allemagne nazie, dans la nuit du 14 au 15 août 1944. « La part d’Afrique en France est aussi ce legs qui nous oblige », a plaidé le chef d’État Français, qui a honoré les tirailleurs sénégalais, ou encore les goumiers et les tabors marocains.

    « Officiers de l’Empire ou enfants du Sahara, natifs de la Casamance ou de Madagascar, (…) ils n’étaient pas de la même génération, ils n’étaient pas de la même confession, (…) ils étaient pourtant l’armée de la nation, armée la plus fervente et la plus bigarrée », a rappelé le chef de l’État français. « Lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt vital de la nation, tous ceux qui se reconnaissent comme Français ont vocation à être ensemble », a-t-il insisté.

    « Ces hommes s’appelaient François, Boudjema, Harry, Pierre, Niakara », a poursuivi Emmanuel Macron, rappelant qu’un grand nombre d’entre eux, spahis, goumiers, tirailleurs africains, antillais, marsouins du Pacifique, n’avaient jamais foulé le sol de la métropole avant d’être envoyés participer à la libération de la France lors de l’opération « Dragoon », deux mois après le débarquement en Normandie. Les noms de ces soldats, « doivent continuer d’être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire » et « ne rien oublier de leur courage et de leur combat », a-t-il appuyé.

    « Pas de victoire alliée sans la contribution des autres peuples »

    Dans son discours, le président de la République a également rappelé « l’importance de ne rien céder des valeurs de ces batailles, celles pour le droit international, le refus de quelque double standard que ce soit, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, leur souveraineté, leur intégrité territoriale », ainsi que « la volonté farouche de continuer d’avoir un monde et des institutions plus justes, plus équilibrées, de ne nous habituer à rien ».

    Juste avant lui, Paul Biya, le président du Cameroun, s’exprimant au nom des chefs d’État et de gouvernement étrangers présents, avait lui aussi souligné le rôle de ces soldats venus des ex-colonies françaises. « Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers et autres tirailleurs », a-t-il affirmé.



    Si les difficultés diplomatiques de la France en Afrique ont réduit la liste des présents, cet anniversaire a surtout été perturbé par les risques de violents orages sur le littoral varois, avec l’annulation en dernière minute ou presque jeudi matin de toute la seconde partie des cérémonies. Devaient avoir lieu, entre autres, une réception sur le porte-hélicoptères Dixmude, ainsi que des reconstitutions sur les plages varoises.

    Le 15 août 1944, quelque 100 000 soldats, essentiellement américains, canadiens et britanniques, avaient débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250 000 Français de l’Armée « B », qui allaient reprendre Toulon puis Marseille en moins de deux semaines. Cette Armée « B » comptait 84 000 Français d’Afrique du Nord, 12 000 soldats des Forces françaises libres (FFL) fidèles au général de Gaulle et 12 000 Corses, mais aussi 130 000 soldats dits « musulmans », d’Algérie et du Maroc, et 12 000 soldats de l’armée coloniale, comme des tirailleurs sénégalais ou des marsouins du Pacifique et des Antilles.