Européennes : les Insoumis font leur com’ façon… Ruquier

La France insoumise a inauguré sa nouvelle émission de «divertissement politique», outil de communication calqué sur les shows télés.

 La France insoumise veut donner une autre image du mouvement avec cette nouvelle émission diffusée en ligne. (Capture d’écran)
La France insoumise veut donner une autre image du mouvement avec cette nouvelle émission diffusée en ligne. (Capture d’écran) Youtube/LFI

    Il faut imaginer l'émission présentée par Laurent Ruquier le samedi soir sur France 2, « On n'est pas couché » (ONPC), avec un plateau entièrement rempli… d'Insoumis. Les moyens de production en moins. La France insoumise inaugurait ce jeudi soir sa première émission TV en ligne dédiée aux européennes, outil de communication et de vulgarisation de sa campagne, vendu comme un show de « divertissement politique ». De la com'politique et numérique revendiquant s'être inspiré de la patte Ruquier (plutôt) ou de la très culte émission « Burger Quiz » (un peu moins).

    Un petit plateau artisanal, six tables hautes, un peu de public autour pour applaudir, et un déroulé d'un peu moins de 1h30. Deux présentateurs, le binôme de tête de liste aux européennes Manon Aubry (récemment débauchée à Oxfam) et le n°2 du mouvement Manuel Bompard. Objectif premier de l'émission : « Faire connaitre nos candidats », nous explique Aubry, 28 ans. Ils seront quatre (militants, lanceurs d'alerte…) pour cette version « beta » de l'émission, que le mouvement promet « live », mensuelle ou bimensuelle.

    Kikadikoi ?

    Le « show » s'articule autour d'une « revue de la semaine », de séquences-jeux (le « Kikadikoi », le « Schmilblick », « la boîte à question » de feu « Le Grand journal ») qui permettent aux candidats de se présenter, de commenter l'actualité sauce Insoumise (toutes les occasions sont bonnes pour critiquer Emmanuel Macron), et de parler en filigrane du programme des Insoumis. Propagande diront certains, éducation populaire répondent les intéressés.

    « Une campagne, ça se mène aussi sur le terrain numérique. On voulait un format plus drôle, plus léger, ça permet de viser un public plus connecté, plus jeune », explique Bompard, qui avait dirigé la campagne présidentielle de Mélenchon, déjà très orientée sur le numérique. « Prendre la politique avec plus de légèreté, casser les codes », précise-t-il. « On voulait éviter de faire du pompeux, la politique c'est austère pour beaucoup de gens », embraye Aubry, elle, novice en politique.

    L'émission reprend tous les codes utilisés dans certains programmes télés et permet aux Insoumis de « contourner les médias » traditionnels (qu'ils critiquent autant qu'ils y sont invités) pour parler directement à leurs sympathisants. Une stratégie d'évitement de longue date théorisée par Jean-Luc Mélenchon.

    Ripoliner l'image ternie de la FI

    « On veut essayer de rapprocher la politique des citoyens », défend Manon Aubry. Et une manière habile de tenter de ripoliner l'image ternie de la France insoumise. Bien loin de l'ambiance rigolarde et bon enfant de l'émission, la FI a connu d'importantes turbulences à l'automne. L'épisode des perquisitions (dans le cadre d'une double enquête judiciaire) et les images d'un Mélenchon sortis de ses gonds face à la police et à la justice, ont très largement choqué et durablement entaché l'image du mouvement. Et surtout celle de son leader.

    La constitution de leur liste aux européennes a aussi été marquée par des départs et des évictions de figures importantes de la FI, qui ont tous critiqué le fonctionnement du mouvement. Plusieurs études d'opinions récentes attestent d'un léger dévissage dans les intentions de vote, faisant passer les Insoumis pour la première fois sous la barre des 10 % – même si toujours en tête à gauche.

    Montrer un autre visage du mouvement

    S'il prétend vouloir mettre une « pâtée démocratique à Macron », Mélenchon veut surtout conforter sa place de premier opposant à gauche du président, là où les autres formations politiques (à l'exception d'EELV) végètent sous les 5 % et peinent à s'entendre.

    « On savait qu'on allait pâtir de l'épisode des perquisitions, mais on a mangé notre pain noir », veut se rassurer un député Insoumis. Ce « ONPC insoumis » doit en tout cas permettre de montrer un autre visage du mouvement, et tenter faire oublier les polémiques qui rythment malgré lui la vie du mouvement. L'humour, ici, est à prendre très au sérieux.