Jean-Marc Mormeck : les outre-mers sont «les oubliés de la République»

Jean-Marc Mormeck, le délégué à l'Egalité des chances des Français d'outre-mer, souhaite que son portefeuille soit étendu aux quartiers sensibles.

 L'ancien boxeur Jean-Marc Mormeck, 45 ans, est entré en politique, non pas comme un « professionnel », mais à la manière d'un citoyen engagé ».
 L'ancien boxeur Jean-Marc Mormeck, 45 ans, est entré en politique, non pas comme un « professionnel », mais à la manière d'un citoyen engagé ». LP / Olivier Corsan

    Six fois champion du monde de boxe, Jean-Marc Mormeck, 45 ans, a plongé dans le bain de la politique en mars 2016, lorsqu'il a été nommé délégué interministériel à l'Egalité des chances des Français d'outre-mer. Le sportif tire aujourd'hui la sonnette d'alarme et appelle le président à étendre son portefeuille aux jeunes des banlieues.

    Pour quelle raison avez-vous fait le choix de la politique ?

    JEAN-MARC MORMECK. Ce sont les circonstances qui m'y ont amené ! Ma carrière de sportif se terminait et on me l'a proposé. Je me suis dit que c'était une façon de pouvoir aider les jeunes qui viennent des outre-mers, mais pas comme un professionnel de la politique, plutôt à la manière d'un citoyen engagé.

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    Quelles actions avez-vous pu entreprendre ?

    J'ai d'abord écouté ces jeunes, et posé un diagnostic sur les difficultés qu'ils rencontrent. Elles sont nombreuses. Ils n'ont pas de réseau, ils ne connaissent personne. J'ai notamment mis en place une plate-forme « égalité emploi » en démarchant des patrons, des sociétés, des associations pour les mettre en relation avec ces jeunes ultramarins.

    Quels sont les problèmes qu'ils rencontrent ?

    Il y en a tant... Beaucoup ont par exemple du mal à obtenir un logement, notamment parce que leur banque se trouve hors de la métropole. Ils sont quasiment considérés comme des étrangers alors qu'ils sont français ! Outre le réseau, il y a aussi ceux qui subissent le racisme. Ce sont des difficultés finalement assez proches de celles rencontrées par les jeunes de banlieue, raison pour laquelle je pense qu'il faudrait élargir ce portefeuille.

    Pourquoi ?

    Ils ont souvent les mêmes problèmes d'adaptation au monde du travail. Dans notre pays, il y a beaucoup de codes, et certains jeunes ont l'impression de ne pas parler la même langue, de ne pas savoir comment s'y prendre. Il faut les aider.

    Comment la situation a-t-elle évolué d'après vous dans les banlieues ?

    Il faut tout revoir, sinon, ça va exploser. A mon époque, la colère transformait ces jeunes en sauvageons, qui se disputaient entre bandes. Aujourd'hui, ils se radicalisent et se mettent à tuer. Toute cette amertume est dangereuse.

    Qu'attendez-vous du président Macron ?

    Le changement qu'il a promis, même s'il est déjà en marche ! Quant à mon portefeuille, j'attends plus de moyens. On ne dispose que de 100 000 € ! C'est bien trop peu pour relever le défi immense qui est devant nous. Il faut que cette délégation soit un véritable outil d'insertion. Il y a urgence.

    Quel regard portez-vous sur les outre-mers ?

    On a l'impression d'être les oubliés de la République. La vie est trop chère. Certains territoires, comme la Guyane, sont vraiment négligés.