Hollande, la vie devant soi

Le président sortant, qui va prendre quelques jours de vacances, n'a pas définitivement renoncé à la vie politique, même si ses projets restent flous.

Paris (VIIe), hier. Au siège du PS, François Hollande, rendu à la vie civile, a évoqué son quinquennat, estimant qu’il laissait « la France
dans un état bien meilleur » qu’il ne l’avait trouvée.
Paris (VIIe), hier. Au siège du PS, François Hollande, rendu à la vie civile, a évoqué son quinquennat, estimant qu’il laissait « la France
dans un état bien meilleur » qu’il ne l’avait trouvée. MAXPP/IP3PRESS/NICOLAS KOVARIK

    Et s'il était encore plus difficile de quitter l'Elysée que d'y arriver ? Président après président, François Hollande après Nicolas Sarkozy ou Valéry Giscard d'Estaing, cela semble se confirmer. L'ancien député de Corrèze aura attendu en tout cas jusqu'à la dernière minute ce dimanche pour vider les lieux ! Il est vrai que ce répit arrangeait aussi Emmanuel Macron avant d'être happé par la machine de l'Etat.

    EN IMAGES. Les adieux de François Hollande à l'Elysée

    Première épreuve pour Hollande : ses premiers pas d'ex-président rendu à la vie civile. Comment échapper au passage par la rue de Solferino, le siège du PS, alors que François Mitterrand y avait fait un triomphe en quittant l'Elysée en 1995 ? Organiser cet événement a demandé quelques efforts : « Il ne fallait pas que François fasse un bide, raconte un de ses fidèles, mis à contribution. Heureusement, si les dirigeants se sont carapatés, les militants, eux, ont répondu présent. »

    Écrire un livre et ne pas se faire oublier

    Comme si une barrière mentale l'avait empêché de se projeter au-delà de cette date fatidique du 14 mai, Hollande, 62 ans, n'a refermé ses derniers cartons qu'à la veille de la passation des pouvoirs avec Macron, alors que le bureau de Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l'Elysée, était déjà vide depuis dix jours. « Je crois qu'en la circonstance il n'aime pas se projeter en avant et préfère voir arriver au jour le jour », confie un de ses amis.

    Raison pour laquelle il ne se serait d'ailleurs guère préoccupé de son point de chute privé. Il y a une dizaine de jours, Hollande n'avait toujours pas trouvé de toit à Paris pour y résider. « Peut-être ira-t-il habiter chez Julie Gayet puisque cela semble aller très bien entre eux », souffle le même ami.

    A plusieurs reprises, l'ancien président a laissé entendre qu'il ne déserterait pas le champ politique. « Je suis jeune encore », a-t-il fait remarquer récemment à des collégiens. Il profitera sans doute d'un prochain passage en Corrèze pour soutenir son fidèle Bernard Combes, candidat aux législatives à Tulle. Puis, comme beaucoup de Français, Hollande partira en vacances. Il évitera sans doute de séjourner dans sa maison de Mougins (Alpes-Maritimes), occupée par son frère, mais passera peut-être dans l'arrière-pays varois où il a des amis et ses habitudes.

    On sait aussi que l'ex-président entend s'atteler à la rédaction d'un livre dans lequel il donnera son propre récit de son quinquennat. Manière de tenter de gommer les pages les plus sulfureuses du livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme (« Un président ne devrait pas dire ça », Ed. Stock) qui lui ont fait tant de mal et précipité son renoncement pour un second mandat. Ce n'est qu'à la rentrée qu'il prendra vraiment possession des bureaux mis à disposition par la République. 200 m 2 au quatrième étage du 242, rue de Rivoli, en face des Tuileries. Il bénéficiera de sept collaborateurs, deux chauffeurs et deux officiers de sécurité. Ainsi que d'une indemnité de 6 000 € mensuels auxquels s'ajoutent ses retraites de député et d'ancien conseiller général.

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    Hollande a plusieurs fois indiqué qu'il n'irait pas courir le cachet dans les colloques internationaux, comme l'a fait Nicolas Sarkozy. Selon un proche, il ne devrait pas non plus « se réinvestir si vite que ça dans la bataille politique ». Trouver la bonne distance pour exister sans se faire oublier, tout en espérant que son bilan sera revu à la hausse avec le temps par les Français, telle sera sa préoccupation dans les prochains mois. A plus longue échéance, certains l'imaginent prendre la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne dans deux ans. Mais, d'ici là, de l'eau aura coulé sous les ponts de Paris.