L'Elysée se défend de choisir les journalistes autorisés à suivre Emmanuel Macron

Après les inquiétudes d'une vingtaine de médias sur la sélection des journalistes habilités à suivre Emmanuel Macron, l'Elysée a démenti toute volonté d'entraver le travail de la presse. 

Une file de journalistes attendent dans la cour de l'Élysée le début de la cérémonie de passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, le 14 mai 2017
Une file de journalistes attendent dans la cour de l'Élysée le début de la cérémonie de passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, le 14 mai 2017 (AFP/Patrick KOVARIK)

    Jeudi, l'Elysée décidait de sélectionner à l'avance les journalistes autorisés à suivre Emmanuel Macron, alors que ce choix était auparavant réservé aux rédactions. La cellule communication de l'Elysée avait en effet contacté directement les journalistes pour leur proposer la couverture de la visite du chef de l'Etat au Mali, une entorse sans précédent aux relations entre exécutif et médias. Face aux inquiétudes dénoncées par une vingtaine de sociétés de journalistes de médias nationaux, dont celle du «Parisien» - «Aujourd'hui en France», la présidence de la République a envoyé une explication à Reporters sans frontières.

    Dans ce courrier, l'Elysée affirme que sa démarche est «le contraire d'une démarche de fermeture : elle est une démarche d'ouverture». Emmanuel Macron «est très attaché au traitement de fond des sujets et souhaite ouvrir l'Elysée aux journalistes sectoriels (« rubricards ») qui portent sur l'action présidentielle un autre regard. C'est dans cet esprit qu'il a été proposé aux rédactions d'élargir aux journalistes spécialisés Défense ou Diplomatie le voyage officiel auprès des forces armées», poursuit l'Elysée.

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    «L'Elysée n'entend pas faire le travail des rédactions»

    Dans leur communiqué, les sociétés de journalistes rappelaient qu'il n'appartient «en aucun cas à l'Elysée de choisir ceux d'entre nous qui ont le droit ou non de couvrir un déplacement, quel qu'en soit le thème». Elles dénonçaient l'organisation de la communication du chef de l'Etat. En réponse à ce rappel à l'ordre, l'Elysée assure : «Il va de soi que nous avons ouvert l'option aux rédactions mais jamais imposé un journaliste plutôt qu'un autre (...). Les journalistes qui se sont inquiétés peuvent se rassurer : l'Elysée n'entend pas faire le travail des rédactions».

    Dans le cas du voyage officiel au Mali ce vendredi, l'Elysée reconnaît une erreur d'explication. «Dans l'organisation du voyage officiel, cette préoccupation (d'ouverture) a pu n'être pas assez expliquée, d'où les interprétations et inquiétudes qui sont nées ces derniers jours».

    RSF a accueilli «favorablement les explications fournies et la volonté de dialogue avec les rédactions». L'organisation attend «que la preuve soit apportée dès les prochains jours que des limites ne seront pas imposées à la presse pour les besoins du storytelling».

    «La rédaction choisit»

    L'exécutif a montré sa volonté de «fixer le tempo» de sa communication et celle d'Emmanuel Macron, d'avoir «une parole rare» et maîtrisée», a assuré Christophe Castaner, le nouveau porte-parole du gouvernement. «Nous indiquons aux rédactions une préférence non pas intuitu personae mais par rapport à la rubrique mais ensuite, c'est la rédaction qui choisit, ce n'est pas nous», a-t-il cependant poursuivi.

    Une autre entorse aux relations entre l'exécutif et les médias s'est déroulée jeudi. A l'issue du premier Conseil des ministres, la cour de l'Elysée a été fermée aux journalistes qui n'ont pas pu poser de questions.