Présidentielle 2017 : les confidences et les piques de Hollande

ÉLYSÉE. Pour le chef de l'Etat, l'élection présidentielle se jouera sur la nation et la démocratie. Lui se voit en garant de l'Etat de droit face aux surenchères de la droite.

Palais de l’Elysée (Paris VIIIe), mardi 2 août. Face aux journalistes de la presse présidentielle, François Hollande a envoyé plusieurs piques à Nicolas Sarkozy et ses propositions.
Palais de l’Elysée (Paris VIIIe), mardi 2 août. Face aux journalistes de la presse présidentielle, François Hollande a envoyé plusieurs piques à Nicolas Sarkozy et ses propositions. (LP/Olivier Corsan.)

    « L'inimaginable est désormais prévisible, nous savons qu'il peut se produire. » C'est un François Hollande plutôt grave qui s'est présenté mardi soir devant les journalistes de l'Association de la presse présidentielle (APP). Après une année dramatique marquée par une série d'attentats d'une ampleur « inconnue » jusque-là, a-t-il relevé, l'heure n'était pas aux petites blagues.

    A neuf mois de la présidentielle, le chef de l'Etat, qui réunit le dernier Conseil des ministres ce mercredi matin avant une (petite) trêve estivale, s'est surtout appliqué à se hisser au-dessus de la mêlée. « Etre président de la République, c'est être capable de définir pour le pays une place dans un contexte qui a profondément changé. Ce sera le sujet de l'élection : la place de la France et la capacité de la France à pouvoir porter un modèle, une capacité à pouvoir fédérer, rassembler les Français, mais aussi donner un sens à la construction européenne. »

    Avant de s'envoler ce mercredi pour Rio au Brésil afin de soutenir les sportifs français et surtout défendre la candidature de Paris pour les JO de 2024, le chef de l'Etat a encore souligné sa différence avec la droite -- ou au moins avec une partie d'elle. « Faut-il aller au-delà de l'état d'urgence, considérant que les textes actuels sont superflus, presque inutiles, voire contraignants ? » s'est-il faussement interrogé en visant Nicolas Sarkozy. « L'Etat de droit n'est pas contradictoire avec la raison d'Etat. L'Etat de droit n'empêche pas l'Etat d'agir », a-t-il martelé.

    Sarkozy va « trop vite et trop loin »


    Brossant la toile de fond de ce que pourrait être la prochaine campagne présidentielle, Hollande est revenu à plusieurs reprises sur la manière dont le pays doit affronter la menace terroriste sans altérer ses valeurs démocratiques. Une manière d'enfoncer un coin avec la droite sur le plan tactique mais qui semble rejoindre une préoccupation profonde : « La démocratie, c'est la grande question par rapport à la question autoritaire. La tentation autoritaire existe et elle peut saisir l'opinion publique. »

    A cet égard, le locataire de l'Elysée ne cache pas qu'il observe avec beaucoup d'attention les élections américaines parce qu'elles ont souvent une influence sur la campagne présidentielle française. Sans s'encombrer de précautions diplomatiques, le chef de l'Etat fustige le candidat des républicains... américains : « Les excès finissent par donner un sentiment de haut-le-coeur, surtout quand on s'en prend, en l'occurrence Donald Trump, à la mémoire d'un soldat. » Allusion à la polémique déclenchée par le milliardaire qui s'en est pris à une famille musulmane dont le fils militaire est mort en Afghanistan.

    Retour à la politique française, que le président ne perd jamais de vue très longtemps. Sera-t-il à nouveau candidat ? L'intéressé balaye en souriant : « Je ne répondrai pas à cela. » Quel jugement porte-t-il aujourd'hui sur ses principaux rivaux potentiels à droite ? Sarkozy va « trop vite et trop loin », estime-t-il. Quant à Juppé, qui n'a pas totalement clarifié ses positions sur la sécurité, Hollande balaye : « Quand on dit ni-ni, on n'est pas au clair. » Hollande, lui, a déjà une idée assez claire du positionnement qu'il faudrait adopter pour 2017 : « Le candidat de gauche a plus de chances de gagner s'il dit ce qu'il est possible de faire et ce qu'il n'est pas possible de faire, que s'il se lance dans une fuite en avant. La question qui va nous être posée pour la présidentielle, c'est quelle société nous voulons. C'est sur la France et la démocratie que cela va se jouer. »