80 km/h : la mesure déplaît à Collomb, le Premier ministre lui répond

« L’ensemble du gouvernement est mobilisé sur cette mesure », a assuré Edouard Philippe après que le ministre de l’Intérieur a montré ses réticences à limiter la vitesse sur certaines routes secondaires.

 Gérard Collomb souhaite notamment que les départements soient davantage associés à cette mesure.
Gérard Collomb souhaite notamment que les départements soient davantage associés à cette mesure. Capture BFMTV

    Décidément la baisse de la limitation de vitesse de 90 à 80km/h sur certaines routes secondaires ne passe pas. Y compris au sein du gouvernement. Jeudi soir et ce vendredi matin, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb n'a pas caché qu'il n'approuvait pas cette mesure. Une position qui fait désordre quand on sait que c'est l'Intérieur qui est chargé de la sécurité routière. Pour mettre fin à la cacophonie, Edouard Philippe a dû prendre la parole.

    Le « joker » de Collomb. Tout commence quand, jeudi soir, dans une réunion publique à Rungis (Essonne), Gérard Collomb refuse de répondre à une question sur le sujet. « Sur les 80 km/h, j'aimerais avoir votre position » lui a demandé un des participants. Le ministre de l'Intérieur a répondu, dans un petit sourire : « Je prends un joker ». Il a ainsi laissé clairement penser qu'il n'approuvait pas cette mesure consistant à réduire de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur 400,000 km de routes secondaires à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière). Cette limitation est depuis plusieurs mois très critiquée à droite, mais aussi parmi les automobilistes et dans les territoires ruraux.

    « Je ne vous contredis jamais, M.Bourdin ». Sommé de s'expliquer ce vendredi matin sur BFMTV et RMC, Gérard Collomb aborde le sujet avec le sourire. « J'ai dit que c'était une excellente réforme… », s'amuse-t-il. « Cela ne vous plaît toujours pas ? », insiste Jean-Jacques Bourdin. « Le but recherché est bon (ndlr : la baisse de la mortalité sur les routes), défend dans un premier temps le ministre. Mais, ces routes appartenant aux départements, je pense qu'il faut travailler davantage les départements si on veut que cela prenne sa pleine efficacité ».

    Gérard Collomb prend clairement ses distances avec la mesure même si, une fois de plus avec le sourire, il assure que « le Premier ministre a décidé, donc par définition, tout ce que fait le Premier ministre me plaît ». Mais quand le journaliste lui demande finalement s'il va le contredire s'il dit qu'il est contre les 80 km/h, cette fois, Gérard Collomb ne prend pas de joker : « Je ne vous contredis jamais M.Bourdin ».

    La réponse d'Edouard Philippe. Ce n'est pas la première fois qu'un ministre se désolidarise avec cette mesure portée par Edouard Philippe. Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion et des Territoires, avait lui aussi publiquement exprimé ses réserves. Mais là, l'affaire est plus embarrassante pour le Premier ministre car Gérard Collomb, proche d'Emmanuel Macron, est un des poids lourds du gouvernement. Surtout, en tant que ministre de l'Intérieur, c'est lui qui est chargé du dossier de la sécurité routière. Edouard Philippe est donc rapidement monté au créneau vendredi pour tenter d'atténuer le couac. « Je sais que je peux compter sur son engagement », a assuré le chef du gouvernement au sujet de Gérard Collomb. « L'ensemble du gouvernement est mobilisé sur cette mesure, elle est assumée », a-t-il insisté assurant en assumer l'impopularité. « Il s'agit de la sécurité des Français, il s'agit de morts et de blessés », a encore martelé Edouard Philippe qui est depuis le début en première ligne sur ce dossier. Plusieurs députés LREM font part régulièrement de la grogne de nombreux Français contre cette mesure. S'il n'a pas lâché son Premier ministre qui y tient, le président a annoncé en avril dernier lors de son 13 heures sur TF1 qu' elle serait testée deux ans : «si ça ne marche pas on ne continuera pas!»

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