Pau, son maillot jaune, son sommet Macron-Bayrou

Le chef de l’Etat a profité de son escapade sur le Tour de France pour un dîner en tête-à-tête avec le chef centriste.

 François Bayrou et Emmanuel Macron ont sans doute évoqué les municipales, sujet de tension entre LREM et le MoDem.
François Bayrou et Emmanuel Macron ont sans doute évoqué les municipales, sujet de tension entre LREM et le MoDem. AFP/Bob Edme

    Un dîner en tête-à-tête, rien que tous les deux. Vendredi soir dernier, les célébrations du centenaire de la création du maillot jaune étaient à peine terminées à Pau (Pyrénées-Atlantiques) qu'Emmanuel Macron s'est éclipsé pour retrouver François Bayrou autour d'une bonne table.

    Un rendez-vous en dehors de tout agenda officiel, avec le maire de la ville étape du Tour de France. « D'ordre amical et tout à fait personnel », croit bon de préciser l'Elysée. Alors même que de fortes tensions sont apparues ces dernières semaines entre LREM et son allié du MoDem à propos des municipales.

    « Il ne faut pas être devin pour imaginer que le sujet sera au menu », assurait un cadre centriste, qui a toujours en travers de la gorge le fait que le parti présidentiel ait investi des candidats dans des villes où les maires sortants sont pourtant jugés « Macron-compatibles » et soutenus localement par le MoDem. « Des mauvaises manières », juge un proche de Bayrou.

    Macron «n'a pas intérêt à se fâcher avec Bayrou»

    Les points de frictions ne manquent pas. Comme à Bordeaux, où un proche du chef de l'Etat, Thomas Cazenave, a été investi contre le maire LR actuel Nicolas Florian, qui dirige la ville avec des élus centristes. Mais aussi à Clermont-Ferrand et Aix-en-Provence, où la députée macroniste Anne-Laurence Petel pourrait être désignée contre un candidat du MoDem.

    Alors, à la veille de sa participation, ce samedi, à l'étape du Tour de France entre Tarbes et le Tourmalet, le président a fait un peu de câlinothérapie. « Bien sûr que c'est tendu en ce moment. Mais il n'a pas intérêt à se fâcher avec Bayrou, il en a besoin dans sa majorité », apaise un conseiller du Palais, tout en assurant que, malgré la zone de turbulences traversée par La République en marche et le parti centriste, « la relation entre les deux hommes reste malgré tout solide ».

    Ils se parlent chaque jour

    Et Bayrou reste un des sages les plus influents à souffler à l'oreille de Macron, à qui il voue une certaine admiration malgré leurs vingt-sept ans d'écart. La preuve? Ils se parlent chaque jour, ou presque. Comme dernièrement sur l'affaire Rugy, quand il a très vite indiqué au président que c'était « intenable ». Et quelques semaines plus tôt quand il l'avait mis en garde contre le choix de Nathalie Loiseau comme tête de liste aux Européennes.

    « Je ne suis pas son éminence grise, je n'aime pas qu'on dise cela », s'agace parfois en privé le maire de Pau, préférant qu'on parle de lui « non pas comme un conseiller de l'ombre, mais un conseiller de pleine lumière ! » « Ils ont une relation d'homme à homme, avec une complicité intellectuelle et philosophique qui dépasse le cadre des relations de parti à parti », enchérit une connaissance commune.

    Rivalités souterraines

    Une complicité jalousée à certains étages de la majorité, surtout dans l'état-major de LREM. « Ils considèrent que Bayrou c'est l'ancien monde, que le MoDem est une escroquerie avec des députés inconnus élus grâce à eux, et qu'il est temps de se débarrasser des derniers dinosaures », tacle un centriste de premier rang. « Leur but, c'est de marginaliser Bayrou », abonde un autre.

    Tout récemment, le président du MoDem et Marielle de Sarnez ont dîné avec Stanislas Guerini, le patron de LREM et son numéro deux Pierre Person, pour tenter d'arrondir les angles. Sans succès pour le moment. Et il faudra visiblement plus qu'une rencontre « amicale » avec le chef de l'Etat hier soir pour éteindre les rivalités souterraines au sein de la majorité.