Présidentielle : Fillon cherche du réconfort... chez Sarkozy

    Toujours englué dans l'affaire Penelope, l'ex-Premier ministre doit déjeuner ce mercredi avec son ancien rival avant de poursuivre sa campagne le soir, dans l'Oise.

    François Fillon a appelé Nicolas Sarkozy avant de se rendre à l’Assemblée pour une réunion avec les députés.
    François Fillon a appelé Nicolas Sarkozy avant de se rendre à l’Assemblée pour une réunion avec les députés. (AFP/LIONEL BONAVENTURE.)

      Reprendre la main, mais comment? Mardi, l'état-major de François Fillon s'est une nouvelle fois arraché les cheveux toute la journée pour trouver par quel moyen leur champion allait bien pouvoir sortir de la crise. Entre lassitude, exaspération et un brin de méthode Coué, les avis divergent sur la stratégie à adopter. D'autant que la journée de mardi a une nouvelle fois connu son lot de galères, avec la venue de Fillon le matin même à l'Assemblée nationale pour calmer la grogne d'une partie des députés LR, et, en fin de journée, « le Canard enchaîné », qui cible cette fois son porte-parole Thierry Solère, soupçonné de fraude fiscale. « Ça ne s'arrêtera donc jamais... » soupirait hier soir une petite main au QG de campagne.

      Ce mercredi, à l'heure du déjeuner, c'est auprès de Nicolas Sarkozy, son ancien rival à la primaire, que le candidat en souffrance va peut-être trouver des solutions. Fillon l'a appelé mardi matin pour lui demander ce rendez-vous, alors que l'ancien chef de l'Etat rentre tout juste de vacances. « Il a pris son téléphone avant d'aller voir les députés à l'Assemblée. C'est plutôt malin, car ça a permis de leur annoncer en direct la nouvelle de ce rendez-vous et de calmer ceux qui étaient le plus remontés contre lui, en l'occurrence les sarkozystes », décrypte un vieux baron du parti. « C'est quand même un comble qu'il aille se réfugier chez Sarkozy au moment même où il se retrouve face aux pires difficultés, lui qui ne s'est jamais gêné de s'en affranchir », ironise un autre.

      En privé, l'ex-président de la République reste par ailleurs très critique sur la situation du moment : « Vous vous rendez compte ! Il m'a fallu deux ans pour remettre la famille en ordre de marche, et il ne lui aura pas fallu deux mois pour raviver toutes les guerres internes. Quel gâchis », répète-t-il en boucle auprès de ses visiteurs, lui qui recevra par ailleurs François Baroin dans l'après-midi. « Un rendez-vous calé de longue date », dit-on.

      Pilonner Macron

      Reste que Fillon maintient pour le moment son cap, tout en étant lucide : « Quand j'entends certains d'entre vous dire que je suis autiste, c'est moi qui sais le mieux que la campagne est difficile. Parce que c'est moi qui me le prends dans la gueule à chaque instant. Je suis harcelé par la presse, j'ai le harcèlement judiciaire », s'est-il ainsi lâché devant les parlementaires, avant de rappeler qu'il n'y aurait pas d'autre alternative à sa candidature : « Cette décision de rester, je l'ai prise, et je ne reviendrai pas dessus. »

      Pour avancer malgré les vents contraires, l'ancien Premier ministre compte donc aller sur le terrain des propositions, comme il le fera ce mercredi soir à Compiègne (Oise), lors d'un meeting consacré à la sécurité, et forcément lié à l'embrasement des derniers jours consécutif à l'affaire Théo. Mais aussi en pilonnant désormais celui qu'il considère comme son rival principal : Emmanuel Macron. « Le Pen est désormais fermement installée à la première place dans les intentions de vote pour le premier tour, la deuxième place se jouera donc entre François et Macron », jure son entourage.

      Et il y a une phrase qui n'a pas échappé aux équipes de Fillon, celle de l'ancien ministre de l'Economie rapportée dimanche dans « le JDD » : « C'est une erreur de penser que le programme est le cœur d'une campagne. » « L'erreur, c'est d'avoir dit ça. Les Français ont des problèmes concrets auxquels ils attendent des réponses concrètes. Fillon a l'avantage d'avoir le programme le plus abouti », note un de ses proches, en observant que le socle électoral de Macron reste très friable... donc potentiellement récupérable.

      Solère à nouveau ciblé