« Un dérapage » : sur l’ultradroite, Éric Ciotti choque son propre camp

En refusant dimanche de condamner les violences commises à Romans-sur-Isère dimanche 26 novembre, le président de LR a créé des remous en interne. Et ce malgré un rétropédalage lundi soir.

« C’est incompréhensible» : nombre de voix LR se sont interrogées tant sur le fond que sur la stratégie de leur patron, Àric Ciotti (ici en mars 2023). LP/Arnaud Journois
« C’est incompréhensible» : nombre de voix LR se sont interrogées tant sur le fond que sur la stratégie de leur patron, Àric Ciotti (ici en mars 2023). LP/Arnaud Journois

    À droite, tout le monde s’est naturellement levé à l’unisson quand il s’est agi de se joindre à l’émotion collective liée au décès du jeune Thomas à Crépol (Drôme) dans la nuit du 18 au 19 novembre. En revanche, de nombreux sourcils se sont froncés en écoutant le président de LR, Éric Ciotti, faire un refus d’obstacle sur la question des violences des groupuscules d’ultradroite qui ont suivi le drame.

    « Ce qui m’inquiète, c’est ce climat de terreur, de violence, ces agressions qu’il faut combattre et condamner (en parlant de Thomas). Vous voulez me faire dire autre chose, je ne vous le dirai pas », a ainsi d’abord déclaré le député de Nice, dimanche sur BFMTV. Invité le lendemain sur « Touche pas à mon poste », Ciotti a ce coup-ci parlé « d’extrême droite dangereuse » et de « groupuscules qui doivent être dissous ». Il est vrai qu’entre-temps certains de ces militants ont été condamnés par la justice. Chapitre clos ?



    Non, car l’épisode a troublé de nombreux cadres du parti Les Républicains, s’interrogeant tant sur le fond que sur la stratégie de leur patron. « Il est pris entre mille feux à la fois en ce moment, mais ce n’est pas très compliqué de condamner des violences d’où qu’elles viennent. On ne peut pas laisser croire, par omission, qu’on a une tolérance envers les violences de l’extrême droite », s’alarme un député LR. « On a été nombreux à être choqués », s’indigne un autre collègue. « Dérapage », pour un troisième.

    « Même Jordan Bardella a condamné tout de suite ces groupuscules »

    « La stratégie, c’était de se faire le porte-parole de ce que pensent les Français, il voulait passer un message unique » centré sur Thomas, fait valoir un de ses proches, réfutant tout refus de condamnation, précisant que l’émission de lundi y était plus propice. « Dimanche, il se dit que s’il condamne l’ultradroite, il donnera l’impression d’être dans le mauvais camp. Mais en même temps, tu ne peux pas ne pas condamner, même du bout des lèvres », tente de comprendre un cadre au Sénat.

    « Mais c’est incompréhensible, surtout alors que notre stratégie est d’aller récupérer des voix du centre droit », réagit un autre député, redoutant de s’aliéner par-là les voix des électeurs de droite partis chez Emmanuel Macron… et que LR convoite pour 2027.

    Beaucoup ont en tête certaines sorties passées de Ciotti, qui avait déclaré préférer Zemmour à Macron lors de la présidentielle, ou encore lorsqu’il avait affirmé que la différence de LR avec le RN, était « sa capacité à gouverner ». Le RN qui, lui, n’a pas tergiversé. Une députée LR s’étrangle : « Même Jordan Bardella a condamné tout de suite ces groupuscules qui veulent faire leur propre loi. Il a été plus soft et légaliste que nous. »