« On a prévenu le maire, on n’en veut pas de ce projet ! » : dans le Puy-de-Dôme, le réaménagement du lac critiqué

Le réaménagement des abords du lac d’Aydat (Puy-de-Dôme), haut-lieu touristique en Auvergne, fait grincer des dents. Riverains et professionnels du tourisme sont inquiets et le font savoir.

Des « ateliers de travail » vont avoir lieu en mairie sur le réaménagement des abords du lac d’Aydat (Puy-de-Dôme). LP/Geneviève Colonna d'Istria
Des « ateliers de travail » vont avoir lieu en mairie sur le réaménagement des abords du lac d’Aydat (Puy-de-Dôme). LP/Geneviève Colonna d'Istria

    Niché au pied des volcans, à une vingtaine de kilomètres au sud de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Aydat est le plus grand lac naturel d’Auvergne. C’est aussi le spot préféré de baignade et de promenade de milliers de touristes locaux ou de passage. Mais derrière la jolie carte postale se trame depuis quelques semaines un bras de fer entre le maire et certains de ses administrés qui ne goûtent pas vraiment le projet de réaménagement du site en préparation. Présenté en juillet dernier lors d’une réunion publique qui a attiré 300 personnes, le programme prévoit de « faire la part belle aux mobilités douces », limiter la vitesse sur le boulevard longeant le lac, végétaliser les abords du site et agrandir la plage très fréquentée l’été.

    Le gros point noir : les parkings

    « Le lac est très attractif et souffre de surfréquentation touristique, très concentrée sur le cœur de saison estivale », reconnaît le Conseil départemental du Puy-de-Dôme cofinanceur avec la municipalité et la communauté de communes. Pour la mairie d’Aydat, il s’agit bien d’un « projet exemplaire de requalification du site ». « Entre le 11 juin et le 19 juillet, nous avons recensé 13 000 personnes à proximité du lac, avec ce que cela comprend de nuisances, notamment au niveau de la circulation », déplore le maire Franck Serre.

    Si la plupart des habitants sont d’accord pour changer les choses, beaucoup sont dans l’incompréhension. Le plus gros point noir étant la suppression des parkings actuels pour les transférer à un kilomètre, à l’aplomb du lac. Le gestionnaire de l’accrobranche, à l’entrée du site, s’alarme : « Tous mes clients se garent juste devant quand ils arrivent. S’ils doivent faire un kilomètre avec les enfants pour venir jusqu’à nous, c’est la fin de notre activité. » « On va passer de 430 places de parking à zéro ! renchérit Alexandre Courtial, organisateur de randonnées à dos d’âne depuis plus de trente ans. Je ne suis pas contre l’idée de réaménager le site. Il y en a besoin. Mais je suis contre ce projet. Tout le monde devrait avoir son mot à dire. »



    Un nouveau parking de 200 places est bien prévu, mais au milieu d’un quartier résidentiel, sur une zone désaffectée, tout en haut d’un raidillon. Les riverains, eux aussi, sont vent debout. « On va subir l’augmentation de la circulation à côté de chez nous, c’est sûr ! », déplore Sylvianne, voisine du futur parking. « De toute façon, on a déjà prévenu le maire qu’on n’en veut pas de ce projet ! », lance Michel, un autre résident à la retraite. Tous ont d’ailleurs bien l’intention de le redire lors des prochains « ateliers de travail » qui se tiendront dans quelques jours en mairie. Le Département a beau promettre « une méthode de concertation et d’écoute de chacun pour apporter les solutions les plus adaptées », Aydat risque de perdre de sa légendaire tranquillité.