L'odorat humain capable de distinguer 1 milliard de milliards d'odeurs différentes

Contrairement aux idées reçues, l'odorat humain est très sensible, parfois davantage que celui du chien.

 Illustration. L'homme serait capable de distinguer les odeurs au moins aussi bien que certains animaux, et avec des nuances
 Illustration. L'homme serait capable de distinguer les odeurs au moins aussi bien que certains animaux, et avec des nuances LP/Aurelie Foulon

    L'homme aussi a du flair. Il n'aurait même rien à envier à l'animal en termes d'odorat. Selon une étude qui vient de paraître dans «Science», nous serions capables de distinguer 1 milliard de milliards de senteurs différentes.

    «L'odorat humain est plus sensible à certaines odeurs et parfums que celui des rats et des chiens», affirme John McGann, chercheur à l'université du New Jersey (Etats-Unis) et principal auteur de ces travaux. Le scientifique s'appuie sur l'étude du bulbe olfactif, une région du cerveau qui transmet des signaux afin de nous aider à identifier les fragrances. Cette zone est plutôt développée chez l'homme et contient autant de neurones que chez d'autres mammifères.

    «Le chien perçoit certaines odeurs avec une sensibilité inégalée, souligne Nicolas Baldovini, de l'Institut de chimie de Nice, à partir de très petites quantités d'une odeur.» Ce qui fait de lui un meilleur limier sur une scène de crime.

    Tout est dans les nuances

    Mais l'homme a une aptitude supérieure dans les nuances. «Un parfumeur peut distinguer deux vanilles d'origine différente. Un oenologue exercé reconnaît l'odeur de cuir ou de la réglisse dans le vin. Tous les neurobiologistes sont d'accord pour dire que l'homme est un super animal», confirme Roland Salesse, chercheur à l'Inra. Notre handicap par rapport aux quadrupèdes : nous avons le nez à 1,50 m du sol. «L'expérience a été faite avec des étudiants mis à quatre pattes à la poursuite d'une trace olfactive dans une prairie : ils sont aussi performants que des chiens», révèle l'étude.

    Mais pourquoi croyons-nous alors que les animaux ont plus de flair ? «C'est la faute à Broca», résume Roland Salesse. Ce scientifique français du XIXe siècle, qui le premier a déterminé la fameuse «aire du langage» dans le cerveau, a sous-estimé nos capacités, après avoir comparé la taille de nos bulbes olfactifs avec ceux d'animaux.