Extorsion mortelle à La Ferté-sous-Jouarre : « C’est Rayan qui s’est déchaîné »

Le procès de trois jeunes, soupçonnés d’être à l’origine du décès d’un père de famille, reprend ce lundi devant la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun. C’est le 12 avril 2021 que cet homme, qui pensait rencontrer une prostituée, a trouvé la mort dans un appartement du quai des Anglais.

La Ferté-sous-Jouarre, jeudi 6 juin 2024 : Le père de famille, passé à tabac dans un appartement du quai des Anglais, avait été transporté dans une brouette, en pleine rue.
La Ferté-sous-Jouarre, jeudi 6 juin 2024 : Le père de famille, passé à tabac dans un appartement du quai des Anglais, avait été transporté dans une brouette, en pleine rue.

    Rayan, Hiba et Laurine seront fixés cette semaine sur leur sort judiciaire. Ces trois jeunes, âgés de 22 à 26 ans, sont jugés par la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun, – depuis mardi dernier – pour une extorsion mortelle. Leur victime : un père de famille qui, le soir du 12 avril 2021, pensait rencontrer une prostituée dans un appartement du 5, quai des Anglais, à La Ferté-sous-Jouarre. Mais il avait fait face à trois personnes, qui lui avaient réclamé sa carte bancaire.

    Trois heures plus tard, après avoir reçu une multitude de coups, le malheureux s’était retrouvé dans une brouette, au pied de l’immeuble. Un témoin avait appelé les secours et malgré un massage cardiaque, la victime était décédée des suites d’un polytraumatisé crâno-facial, ayant engendré une hémorragie. Outre deux fractures au niveau du crâne, l’expert légiste a relevé de multiples lésions traumatiques profondes sur le corps, ainsi que des côtes fracturées.

    Les jurés doivent également se prononcer sur une quinzaine d’agressions, commises au cours des semaines précédant le drame, au préjudice d’autres clients : des hommes qui - eux aussi - pensaient rencontrer une prostituée et avaient été dépouillés de leur argent. La cour devra dire s’il s’agit de simples escroqueries, comme l’affirme Rayan, ou d’extorsions commises avec violence. Le verdict est attendu – au plus tôt - dans la soirée de mercredi.

    « Ça fait des familles détruites »

    Rayan, qui comparaît libre suite à un vice de procédure, se défend bec et ongles. Pas question pour lui d’endosser l’entière responsabilité des violences. La personnalité du jeune homme – qui assume sa transidentité – est au cœur du procès.

    Selon une de ses voisines, entendue à l’époque par les gendarmes, « il gueule autant qu’il est généreux ». De son côté, malgré toute l’affection qu’elle lui porte, une copine de Rayan le décrit « imperméable aux sentiments » : « Rien ne le touche, il tourne tout à la dérision ». Et c’est bien le visage que Rayan présente depuis le début de son procès. Il ne réagit jamais, quoi qu’il se dise au cours des débats.

    « Rayan est extravagant. Il a plusieurs facettes, il est un peu vicieux. Tout le monde en ville savait qu’il se prostituait, il en parlait facilement. Il est aussi totalement menteur, il faisait des histoires avec les gens », a témoigné une habitante de La Ferté-sous-Jouarre par visioconférence. Avant de prendre la défense de Laurine, qui - elle - comparaît dans le box des accusés : « C’est une femme sensible, elle reste mon amie. Je suis désolée qu’elle soit impliquée dans la mort du monsieur, j’ai une pensée pour la femme du défunt, ça fait des familles détruites ».

    « C’est un cadavre qu’on met dans une brouette »

    Pas une seule journée ne passe sans que Laurine ne pleure. Interrogée vendredi soir sur la dramatique soirée du 12 avril 2021, c’est en larmes, rouge, que la jeune femme - décrite par tous comme une « gentille » - l’a martelé : « Je n’ai porté aucun coup à la victime. C’est Rayan qui s’est déchaîné. Moi, j’étais tétanisée ». L’accusée l’a assuré : le trio pensait que la victime était encore en vie, quand elle a été sortie du logement. Pas vraiment l’analyse de l’avocate générale Marlène Leroy, un tantinet surprise : « C’est un cadavre qu’on met dans une brouette et qu’on recouvre d’une bâche ! »

    Hiba, elle, est décrite par certains témoins comme impulsive et violente. Pour expliquer le déferlement de violences contre le père de famille, Hiba a expliqué que celui-ci avait tenté d’attraper le couteau qu’elle avait en sa possession. Selon elle, Rayan aurait donné un nombre incalculable de coups de bonbonne de gaz sur tout le corps de la victime. C’est peu de dire que la jeune femme - accusée d’avoir donné plusieurs coups de pied et de poing dans la tête de la victime - peinait à se rappeler les détails. Et c’est peu de dire que sa version est en décalage avec celles de ses coaccusés : elle assure avoir porté un seul « chassé, sans faire exprès, par réflexe ». L’interrogatoire de Rayan est prévu ce lundi.