Vaux-le-Pénil : deux ans avant les élections, la majorité municipale vacille

La première adjointe a démissionné de son poste et refusé de voter le budget 2024. L’adjoint à la sécurité est carrément passé dans l’opposition. Le maire assure qu’il détient toujours une majorité.

Vaux-le-Pénil, dimanche 25 juin 2023. Plus de 200 habitants ont manifesté contre le projet du maire de déménager la mairie et financer ce projet par la hausse de la taxe foncière. Les élus d'opposition Nupes et LR se sont joints au mouvement. LP/Sébastien Roselé
Vaux-le-Pénil, dimanche 25 juin 2023. Plus de 200 habitants ont manifesté contre le projet du maire de déménager la mairie et financer ce projet par la hausse de la taxe foncière. Les élus d'opposition Nupes et LR se sont joints au mouvement. LP/Sébastien Roselé

    Un désaveu public lors du dernier conseil municipal de Vaux-le-Pénil : la première adjointe Fatima Aberkane-Joudani a refusé de voter le budget 2024 et démissionné de son poste, en charge des dossiers stratégiques, du développement économique et de l’état civil. En cause, son désaccord profond sur la politique menée avec 27 millions d’euros d’investissements programmés en quatre ans malgré des « financements incertains » et un « contexte de non maîtrise du fonctionnement ». L’élue dit publiquement ne plus pouvoir « cautionner » des décisions pour lesquelles elle n’a pu avoir les études chiffrées.

    C’est son troisième mandat au sein de la majorité pénivauxoise et elle reste au conseil municipal. « Ce que je veux aujourd’hui, c’est qu’on réponde à mes questions : comment on finance 27 millions d’investissements sur quatre ans sans mettre en difficultés les Pénivauxois ? La hausse de la taxe foncière de 34 % en 2023 (25,8 % de hausse et augmentation des bases de 7,6 %), c’est inouï. En moyenne cela représentait 400 euros de plus… par foyer imposable. »

    Vaux-le-Pénil, le 15 mars 2024. Fatima Aberkane-Joudani a expliqué au conseil municipal pourquoi elle refusait de voter le budget 2024 et a annoncé qu'elle démissionnait de son poste de première adjointe. DR
    Vaux-le-Pénil, le 15 mars 2024. Fatima Aberkane-Joudani a expliqué au conseil municipal pourquoi elle refusait de voter le budget 2024 et a annoncé qu'elle démissionnait de son poste de première adjointe. DR

    La pilule a été dure à avaler pour 71 % de propriétaires dans la ville. D’ailleurs, en juin dernier, des habitants avaient manifesté contre cette hausse ainsi que le déménagement de la mairie dans les communs du château. En 2024, cette hausse est suivie d’une autre de 3,9 %, celle des bases décidée par l’Etat. En clair : aucune baisse prévue, bien que le transfert de la mairie soit suspendu, du fait d’un surcoût de travaux de 20 %.

    Lors du même conseil municipal, Marc Garnier, adjoint à la police municipale et à la sécurité des bâtiments, a carrément rejoint le groupe d’opposition divers droite mené par Nathalie Beaulnes-Sereni (LR), également conseillère départementale en charge de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, qui martèle « l’inadéquation de ce budget avec les besoins des Pénivauxois et les capacités financières de la commune ».

    Le recours à un cabinet conseil pour 40 000 euros passe mal. « C’était une formation des élus majoritaires à la notion de plans pluriannuels d’investissements et de renégociation des emprunts », précise le maire, Henri de Meyrignac (DVG).

    Le groupe d'opposition de Nathalie Beaulnes Sereni (2è en partant de la gauche devant) compte désormais sept élus avec l'arrivée de Marc Garnier, ancien adjoint chargé de la police municipale et de la sécurité des bâtiments.
    Le groupe d'opposition de Nathalie Beaulnes Sereni (2è en partant de la gauche devant) compte désormais sept élus avec l'arrivée de Marc Garnier, ancien adjoint chargé de la police municipale et de la sécurité des bâtiments.

    Au final, le budget 2024 a été voté par 19 voix pour (trois élus de la majorité ne l’ont donc pas voté), 14 contre. Le maire se veut zen. « Nous étions 22 élus. On en perd deux. À 20, notre majorité reste solide avec notre groupe de 17 élus et nos trois amis élus communistes qui ont voté ce budget ». Il se dit « surpris » du départ de sa première adjointe : « Le budget 2024 est un décalque de celui de 2023 qu’elle avait voté ainsi que le taux de taxe foncière. On aurait pu échanger avec elle qui a une formation d’économiste. Pourquoi partir maintenant ? Cela sent l’option politique… » Quant à Marc Garnier, « il faisait partie de notre aile droite. Il rejoint sa famille d’origine. »

    L’édile ne s’inquiète pas. « Nous faisons des plans pluriannuels d’investissements. S’il n’y a pas l’argent, on phase, mais cela ne met pas en danger les finances de la ville ». Pourquoi ne pas avoir réduit le taux de taxe foncière en 2024, comme l’ont demandé les deux groupes d’opposition ? « La ville n’est pas assez riche pour réduire cette taxe qui n’avait pas été augmentée depuis longtemps. Il y a un patrimoine à rénover… »

    Pour l’élu d’opposition Julien Guérin (Nupes), « c’est la seconde crise marquante de la majorité après que le maire nous a retiré nos délégations en 2021 car on avait refusé de voter le budget. Fatima nous rejoint sur beaucoup de constats. Elle a une orientation à gauche, de l’expérience. On appelle à travailler avec elle, ce serait logique ».

    Mais cette dernière se veut avant tout « libre » : « Je sors d’un épuisant combat contre la maladie. Je ne veux pas entrer dans une logique de parti. » Pour autant, elle réfute à ce jour toute ambition pour 2026 : « Ma situation médicale est prioritaire ».