«Une pollution perverse» : des microbilles de plastique ont envahi la plage de Saint-Jouin-Bruneval en Seine-Maritime

Le 3 février 2023, la plage de Saint-Jouin-Bruneval a subi une marée de microbilles de plastique. Le maire a déposé plainte contre X et espère ainsi découvrir l’origine de la pollution.

Le maire a porté plainte pour connaitre l'origine de la pollution par microbilles./#PRESSE30
Le maire a porté plainte pour connaitre l'origine de la pollution par microbilles./#PRESSE30

    Elles font un diamètre de moins de cinq millimètres. Elles sont translucides et sont une matière première pour la plasturgie. Elles ont fait leur apparition dans les différentes mers et océans du monde. Et, le vendredi 3 février, les microbilles en plastique surnommées les « larmes de sirènes » ont débarqué à l’occasion de la marée descendante sur la plage de Saint-Jouin-Bruneval (près du Havre). Alerté le maire François Auber a porté plainte et surtout cherche des réponses.

    Il est 16 heures quand l’élu est prévenu par des promeneurs : « nous sommes sur une plage de galets qui a la particularité de se découvrir avec du sable à marée basse. Sur une longueur de plus de 250 m et une largeur de deux mètres, nous avoir découvert une quantité énorme de microbilles. Un volume impressionnant et cela n’était jamais arrivé. J’ai immédiatement appelé les services de l’État qui ont été très réactifs. Des échantillons ont été ramassés et envoyé au Cedre (Centre de documentation, de recherches et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) pour analyse et savoir si ce sont les mêmes que découverte en Vendée. »

    Une plainte pour réagir

    Le lendemain, des bénévoles sont ameutés afin de réaliser un comptage, « mais pas pour nettoyer, car il n’y a aucun process de ramassage. Ça, c’était la théorie. En pratique, comme les microbilles sont très légères, avec la marée montante à fort coefficient, elles ont disparu. Seules quelques-unes sont restées bloquées dans les galets et les algues où elles ne sont pas visibles. C’est une pollution perverse. Nous n’étions pas prêts à un tel phénomène », détaille François Auber qui affirme que sa commune fait office de révélateur, « et qu’il devait y en avoir partout sur la côte. Elles ont dû se coincer dans les galets ».

    Dans le village de 2000 habitants l’hiver, immédiatement la nouvelle s’est répandue. Entre indignation et découragement, « nous avons pris conscience de cette pollution jusque-là inconnue. Ici, nous mangeons des produits de la mer. Alors, les poissons et les oiseaux avaleront les microbilles et nous en retrouverons dans les crustacés. On a aussi pas mal de pêcheurs qui sont agacés. Cela peut aussi entraîner des conséquences sur notre label Pavillon bleu donc sur le tourisme. On se pose la question. Ce n’est pas une bonne image, même si ce n’est pas une marée noire. Il faut assumer et le dire. C’est pourquoi j’ai déposé plainte contre X à la gendarmerie nationale », indique le maire.



    Car, l’élu veut savoir d’où elles viennent ? Où sont-elles maintenant ? « On imagine que c’est un conteneur tombé en mer. Ce n’est pas prouvé. En revanche, il faut savoir qu’un sac de 25 kg compte 1 million de microbilles. Faites le calcul ! Alors, à l’époque où vous commandez un colis en Chine et vous savez où il se trouve à la demi-heure près, j’ai du mal à croire qu’un affréteur ne sache pas où se trouve son conteneur. On veut résumer l’affaire par un : ‘ce serait tombé d’un bateau’. Ok, mais où et il y a quoi dedans. Je porte donc plainte pour que cela ne se reproduise pas, pour que les transporteurs portent une attention particulière à ces produits polluants, pour faire bouger les parlementaires et que les communes voisines réagissent. Nous ne sommes pas les seuls à avoir été touchés. C’est sûr que non ! C’est important d’en parler et pas comme des écolos qui montent au créneau. La mer récupère déjà la pollution de la consommation. Alors, si maintenant elle commence à prendre celle de la production, cela va être infernal ! », ne décolère pas François Auber.