Aulnay : les transporteurs de handicapés en grève illimitée

Un nouveau logiciel créant les trajets de FlexCité 93, une société de transports de handicapés, crée des retards. Les conducteurs n’en veulent plus.

 Aulnay, ce mardi. 90 % des conducteurs de FlexCité 93, anciennement PAM 93, société chargée de transporter des handicapés, sont en grève pour dénoncer leurs conditions de travail.
Aulnay, ce mardi. 90 % des conducteurs de FlexCité 93, anciennement PAM 93, société chargée de transporter des handicapés, sont en grève pour dénoncer leurs conditions de travail. LP/Thomas Poupeau

    Rallier Tremblay à Drancy en cinq minutes, en pleine heure de pointe. Cette mission impossible, les conducteurs de FlexCité 93 n'en veulent plus. Plus de 90 % des employés de cette filiale de la RATP, chargée de transporter les handicapés au nom du conseil départemental, se sont mis en grève ce mardi, pour une durée indéterminée.

    Une vingtaine d'entre eux − sur la grosse quarantaine de chauffeurs que compte le site, qui dessert toute l'Ile-de-France − a même manifesté devant le siège de la société, à Aulnay-sous-Bois, ce mardi matin.

    « Nos conditions de travail se sont considérablement dégradées à cause du nouveau logiciel qui calcule nos feuilles de route, c'est-à-dire les trajets et les horaires auxquels nous embarquons les usagers », résume Ahmed Slimani, délégué CFDT.

    L'un de ses collègues raconte, en guise d'exemple, ce matin où il devait prendre un client à Saint-Ouen à 10h15, faire quelques arrêts, avant un stop à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne) à… 11h11 ! A part en pleine nuit, cet itinéraire, qui traverse tout Paris et rejoint les confins du 94, ne peut se boucler en moins d'une heure. « J'ai eu 45 minutes de retard », grince le conducteur qui, comme ses collègues, assure une dizaine de courses par jour. « Ce retard pénalise d'abord les usagers qui sont parfois obligés d'attendre une heure à leur arrêt de bus », déplore Séga Diarra, délégué CGT.

    Outre la mise en place d'un autre logiciel, les grévistes veulent aussi une augmentation de leur salaire. « On est à 1 170€ par mois, alors qu'on bosse 7 heures à la suite, sans pause, et qu'on ne transporte pas des colis mais des humains », tonne Ahmed Slimani. Les mécontents ont prévu de manifester, ce mercredi, devant le conseil départemental à Bobigny.

    Contactée, la RATP explique que le logiciel décrié par les grévistes a été « développé par une entreprise experte en matière de transport des personnes à mobilité réduite », et qu'il existe aussi un « système d'information des voyageurs pour les informer en cas de retard compte tenu des conditions de circulations ».

    La société de transport indique aussi que le fameux « GPS » a été ajusté « selon ses spécificités locales, notamment en matière de temps de parcours », reconnaissant, tout de même, qu'il y a « encore quelques ajustements à faire » dans le cas du 93. Des groupes de travail ont été créés dans ce but.

    Sur l'augmentation de salaire demandée par les grévistes, la RATP dit avoir « proposé la mise en place d'un accord d'intéressement pouvant aller jusqu'à 350 € par salarié ».

    Du côté du conseil départemental, on appelle « les dirigeants à agir rapidement afin que les usagers de service public ne soient pas pénalisés ».