Avenir du Stade de France : un sénateur de Seine-Saint-Denis veut empêcher la vente de « notre bien commun »

Avec 16 de ses collègues parlementaires, Fabien Gay (PCF) a déposé avant Noël une proposition de résolution demandant à l’État de ne pas céder au privé l’enceinte de 80 000 places situées à Saint-Denis, en raison de sa « vocation patrimoniale ».

Paris (VIe), le 5 mars 2023. Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, s'oppose à la vente du Stade de France. LP/Olivier Corsan
Paris (VIe), le 5 mars 2023. Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, s'oppose à la vente du Stade de France. LP/Olivier Corsan

    « Auriez-vous l’idée de vendre la tour Eiffel ou l’opéra Garnier, et qui plus est, à une puissance étrangère ? » Le 18 septembre dernier, le sénateur de Seine-Saint-Denis Fabien Gay (PCF) interrogeait, un brin provocateur, le gouvernement au sujet de la possible cession du Stade de France. Trois mois et demi plus tard, la puissance étrangère en question — le fonds qatarien propriétaire du PSG — a renoncé à cette acquisition, mais la possibilité d’une vente par l’État demeure. Au grand dam de l’élu du Blanc-Mesnil.

    Juste avant Noël, Fabien Gay et 16 de ses collègues du groupe communiste à la Chambre haute ont déposé une proposition de résolution « invitant le gouvernement à ne pas vendre le Stade de France ». En mars 2023, l’État a lancé un double appel à candidatures pour la cession ou la concession de l’enceinte de 80 000 places à l’issue de l’actuelle concession, qui s’achèvera à l’été 2025. Les groupements candidats à l’une ou l’autre de ces procédures avaient jusqu’à ce mercredi 3 janvier pour déposer leur dossier.

    « La propriété publique du site, depuis sa création, scelle sa vocation patrimoniale et combat intrinsèquement l’idée que l’argent du secteur privé pourrait tout acheter, et posséder des droits exclusifs sur l’héritage d’une nation tout entière, soulignent les sénateurs dans leur texte. La voie du renouvellement de la concession doit rester la seule option, excluant de fait la vente, même s’il convient d’élaborer des propositions pour aller vers un modèle d’exploitation plus vertueux. »

    « Ça ne peut pas être bradé au privé »

    « Le Stade de France, c’est notre bien commun, résume Fabien Gay. Ce sont des milliers de souvenirs pour les Français et les Françaises et de grands moments de communion nationale. Ce sont aussi des milliers d’ingénieurs et d’ouvriers qui l’ont bâti. C’est une enceinte sportive mais c’est aussi un monument. Ça ne peut pas être bradé au privé, au même titre que nos autoroutes ou nos barrages hydroélectriques. »

    En cas de cession, le parlementaire craint une évolution de la tarification des places de spectacles et de rencontres sportives au détriment de la population locale. « Si demain, c’est vendu à des intérêts privés, vous ne maîtriserez plus rien, alerte-t-il. La rentabilité se fera sur les VIP, alors que le prix des autres places est déjà très haut. »

    Le groupe communiste étant largement minoritaire au palais du Luxembourg, sa proposition de résolution pourrait être débattue lors d’une de ses deux niches parlementaires annuelles ou, si le gouvernement et le bureau du Sénat l’acceptent, lors d’un débat en application de l’article 34-1 de la Constitution.