Des squatteurs laissent une facture d’eau de près de 100 000 euros à un petit commerçant à la retraite

Selim, 86 ans, a dû se battre pendant quatre ans pour obtenir l’expulsion des squatteurs qui s’étaient installés dans son immeuble de Saint-Ouen. Mais il a récupéré un bien saccagé et doit surtout régler une ardoise d’eau stratosphérique exigée par Veolia.

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le mardi 20 septembre 2022. Pour se venger de Selim, les squatteurs «ont vraisemblablement dû laisser les robinets couler 24 heures sur 24», s’indigne l’avocat du propriétaire. LP/Paul-Antoine Leclercq
Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le mardi 20 septembre 2022. Pour se venger de Selim, les squatteurs «ont vraisemblablement dû laisser les robinets couler 24 heures sur 24», s’indigne l’avocat du propriétaire. LP/Paul-Antoine Leclercq

    En pénétrant dans ce petit immeuble de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où des squatteurs installés depuis au moins quatre ans viennent tout juste d’être expulsés, une forte odeur d’ammoniaque, caractéristique de l’urine de rongeur, saisit à la gorge. Au sol, il est par endroits impossible de se frayer un chemin entre les matelas éventrés, les cadavres de bouteilles et les cartons de pizza. Là, sur une montagne de déchets, une table basse gît les quatre fers en l’air, à quelques mètres d’une valise couchée sur le flanc.

    À droite de la porte d’entrée, dans un angle du plafond colonisé par la moisissure, un trou béant de près d’un mètre de diamètre — signe d’une infiltration d’eau massive — régurgite des câbles dénudés, à quelques dizaines de centimètres du tableau électrique. « C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de drame », relève Daniel, le fils du propriétaire, Selim (leurs prénoms ont été modifiés à leur demande, par peur d’éventuelles « représailles »).