Saint-Ouen : ils veulent sauver la maison Art nouveau des démolisseurs

Une maison, située rue Pasteur à Saint-Ouen doit être démolie cette semaine. Les riverains volent à son secours.

 Saint-Ouen, ce jeudi 26 juillet. La maison Art nouveau de la rue Pasteur est promise à la démolition cette semaine au grand dam des riverains.
Saint-Ouen, ce jeudi 26 juillet. La maison Art nouveau de la rue Pasteur est promise à la démolition cette semaine au grand dam des riverains. LP/N.R.

    Daniel Maunoury actionne la sonnette au tintement désuet du N° 42 rue Pasteur. « Elle fonctionne toujours ! » remarque-t-il amusé. Ce jeudi matin, cet amoureux des vieilles pierres tirait une autre sonnette d'alarme en vue d'empêcher la démolition à Saint-Ouen de cette belle bâtisse Art nouveau. La veille, l'entreprise Melchiorre s'est attaquée méthodiquement à la toiture.

    Céline, une voisine a donné l'alerte déplorant « qu'on ne s'intéresse pas à la mémoire de la commune. A Paris, on préserve au moins ce patrimoine ». « C'est un bien unique. Il ne subsiste pas deux maisons de style Art nouveau comme celle-ci à Saint-Ouen », affirme Dina Deffairi-Saissac, ancienne candidate écologiste aux législatives. « Quel massacre ! », s'émeut Catherine, une riveraine. Elle désigne la tête de lion sculptée tous crocs dehors qui orne encore la porte d'entrée. La façade aussi est unique en son genre, en briques vernissées rehaussées de céramiques de couleur. « L'intérieur est aussi magnifique », glisse Dina Deffairi-Saissac qui a réussi à voler quelques clichés.

    « On subit de plein fouet la pression immobilière. Nous sommes bien conscients qu'il y a une tension mais pourquoi ne préserve-t-on pas une mixité dans ces styles », regrette, Catherine, déjà mobilisée pour la préservation du jardin de l'impasse juif, dans le même secteur.

    Saint-Ouen, rue Pasteur. La tête de lion sculptée et signée CH. Onimus sera-t-elle épargnée par les pelleteuses. LP/N.R.
    Saint-Ouen, rue Pasteur. La tête de lion sculptée et signée CH. Onimus sera-t-elle épargnée par les pelleteuses. LP/N.R. LP/N.R.

    SItuée dans une zone d'aménagement

    La maison en péril se dresse encore pour quelques jours non loin de la porte de Saint-Ouen où les promoteurs immobiliers ont pris possession du quartier. Elle est incluse dans le périmètre d'une concession publique d'aménagement Pasteur Zola signée en 2010 et menée par l'aménageur de la Ville, la Semiso. L'objectif est de résorber l'habitat vétuste, en achetant les biens anciens et en construisant du neuf à la place. Un recours a été formé par une quinzaine de riverains contre cette concession.

    Pour l'instant, seul « un permis de démolir a été accordé pour une réhabilitation extension », précise un responsable d'opérations à la Semiso qui certifie que l'encadrement de la porte et la fameuse tête de lion seront préservés. Aucun permis de construit n'est encore déposé mais l'investisseur projette d'édifier un immeuble R + 4.

    Les anges gardiens du 42, rue Pasteur ont trouvé une alliée en l'adjointe MoDem à l'habitat et au patrimoine, Tiziana Zumbo-Vital : « Je suis très attachée à l'histoire de cette ville et j'ai déjà exprimé mon inquiétude devant la Semiso sur l'opportunité de construire un immeuble à la place de cette maison et de détruire cette façade ». Elle aussi ignorait que la démolition avait été programmée cet été.

    Une lettre adressée au maire pour conserver ce patrimoine

    Ce jeudi matin, une porte en fer a été posée en présence de la police. A l'intérieur, les ouvriers continuent de désosser la maison. Le collectif de riverains vient d'adresser un courrier à la mairie. Il propose de « conserver ce témoignage unique et de l'inclure dans la classification petit patrimoine francilien menacé, créée par le conseil régional ».

    William Delannoy, maire (UDI) a répondu aux détracteurs via Facebook : « Ce projet sera bientôt présenté et vous comprendrez bientôt le respect que je porte à l'histoire de notre ville ».