Allemagne : un appel à porter la kippa contre l’antisémitisme

Des manifestations se déroulent ce mercredi à Berlin et dans d’autres villes après une agression qui a choqué le pays.

 Si mercredi, tout le monde est invité à porter cette calotte,  le président du Conseil central des juifs d’Allemagne « déconseille à des personnes seules de se montrer dans le centre des grandes villes d’Allemagne avec une kippa».
Si mercredi, tout le monde est invité à porter cette calotte, le président du Conseil central des juifs d’Allemagne « déconseille à des personnes seules de se montrer dans le centre des grandes villes d’Allemagne avec une kippa». AFP

    Une kippa à découper et à confectionner soi-même pour la manifestation prévue ce mercredi dans la capitale allemande : c'est ce que propose dans ses colonnes le quotidien berlinois Die Tageszeitung, dans son édition datée du 25 avril.

    Pour lutter contre l'antisémitisme, la communauté juive de Berlin a appelé à un rassemblement de solidarité, invitant juifs et non juifs à se coiffer de cette calotte portée traditionnellement par les Juifs pratiquants. Des rassemblements sont également prévus dans d'autres villes allemandes : rendez-vous est, par exemple, fixé au pied de la cathédrale de Cologne, au bord du Rhin. Potsdam, Erfurt ou Magdebourg se joignent également au mouvement. Des rassemblements qui ne sont pas sans rappeler la marche blanche qui s'est déroulée le 28 mars à Paris, à la mémoire de Mireille Knoll.

    L'invitation a été relevée notamment par Gökay Sofuoglu, le représentant de l'importante communauté turque allemande, indique Die Berliner Zeitung.

    Une vidéo suscite l'émotion

    La semaine dernière, l'agression de deux jeunes portant une kippa dans le quartier de Prenzlauer Berg à Berlin avait ainsi suscité une vive émotion. L'une des victimes, un jeune Israélien qui a par la suite révélé qu'il n'était pas juif mais d'origine arabe et athée, avait décidé à ce moment-là de filmer la scène avec son téléphone portable.

    Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent son agresseur en train de le fouetter avec sa ceinture en criant « yahoud » (« juif » en arabe) et « trou du cul ». Il s'agissait pour l'Israélien de montrer « combien il est horrible, ces temps-ci, de se montrer comme juif dans les rues de Berlin ».

    L'un des agresseurs présumés s'est rendu à la police. Selon la presse allemande, il s'agirait d'un réfugié syrien ayant vécu dans un centre pour migrants.

    «Une autre forme d'antisémitisme»

    L'Allemagne, toujours hantée par les crimes nazis craint une résurgence de l'antisémitisme. La chancelière Angela Merkel avait dénoncé cet « incident terrible » et promis de « réagir ».

    « Nous avons un nouveau phénomène, dans la mesure où nous avons de nombreux réfugiés parmi lesquels il y a, par exemple, des gens d'origine arabe qui amènent une autre forme d'antisémitisme dans le pays », a affirmé la chancelière à la chaîne de télévision privée israélienne 10, dans une interview diffusée dimanche.

    Le parti d'extrême droite AfD (Alternativ für Deutschland), porté en partie par l'islamophobie, appelle ses militants et sympathisants à manifester ce mercredi, kippa sur la tête. Sa vice-présidente Beatrix von Storch devrait être dans la manifestation berlinoise.

    Le principal prix de musique en Allemagne, les « ECHOs », n'aura plus lieu, a annoncé l'organisateur de cet évènement annuel, suite à la polémique suscitée par la remise d'un prix à des rappeurs accusés de textes antisémites.

    Un «Monsieur antisémitisme» nommé

    Alors qu'au sein de la communauté juive allemande les craintes sont telles que certains prônent de ne pas porter de signes religieux distinctifs, un poste de délégué interministériel à la lutte contre l'antisémitisme a été créé et deviendra effectif le 2 mai.

    En Allemagne, le nombre de délits où le caractère antisémite est avéré reste stable. Quelques 1 600 délits étaient recensés par an dans les années 2005-2009, contre 1 468 en 2016, selon Le Monde. Il semblerait que les écoles soient un peu plus visées que par le passé. L'an dernier, dans 95 % des cas, les auteurs des délits antisémites étaient liés à l'extrême droite, selon le quotidien.

    Le principal prix de musique en Allemagne, les «ECHOs», n'aura plus lieu, a annoncé l'organisateur de cet évènement annuel, suite à la polémique suscitée par la remise d'un prix à des rappeurs accusés de textes antisémites.

    Une polémique sur le port ou non de la kippa