Arditi : «Si le bistrot parisien venait à disparaître, ça me laisserait orphelin»

L’acteur Pierre Arditi, 73 ans, est habitué des cafés de la capitale. Il soutient leur inscription au patrimoine mondial de l’humanité.

 Pierre Arditi est un amoureux des cafés parisiens.
Pierre Arditi est un amoureux des cafés parisiens. LP/Frédéric DUGIT

    L'acteur Pierre Arditi, qui est né et a toujours vécu dans la capitale, est un amoureux des cafés parisiens. Il soutient la démarche de l'association militant pour leur inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco.

    Que représente à vos yeux le bistrot parisien ?

    PIERRE ARDITI. Il accompagne ma vie depuis toujours. C'est un goût de l'enfance qui fait partie de moi. Petit, mes parents se donnaient rendez-vous dans le café en face de chez nous, dans le IXe arrondissement. C'est un antre où l'on n'est pas chez soi mais qui finit par devenir une sorte de chez soi.

    Que venez-vous y faire ?

    Je n'ai pas de solitude à combler. J'aime m'installer à la terrasse et voir le monde se mettre en marche. Je vagabonde, j'imagine, je rêve, je réfléchis. L'atmosphère des cafés m'inspire. Je regarde des humanités qui m'intriguent ou me rebutent. On voit de tout. C'est une sorte d'observatoire, comme si j'étais sur le pont d'un bateau. Il ne peut rien m'arriver de mal, je crois, quand je suis assis à mon guéridon.

    Le patron des lieux, ça compte pour vous ?

    C'est capital. S'il est vraiment bourru, je n'y vais pas, ça m'emmerde. Avec celui du café où j'ai mes habitudes, j'ai un lien éphémère mais agréable. On se parle un peu. On s'est croisé à Trouville, le monde est petit.

    Le bistrot de votre jeunesse a-t-il évolué au fil des décennies ?

    Il y a toujours cette géographie humaine. Je retrouve les mêmes sensations, quelque chose qui m'est familier. Quand j'étais jeune, il y avait le titi parisien qui maîtrisait l'argot. Aujourd'hui, je croise des ados perdus avec leurs planches à roulettes et leurs oreillettes. Certains établissements ont changé de morphologie. Il y a des bars lounge, je n'aime pas ça, c'est autre chose. Mais je ne suis pas passéiste !

    Le troquet de Paname est-il menacé d'extinction ?

    Je ne crois pas. Dans les campagnes o ù c'est, souvent, le seul lieu de rencontre, c'est plus problématique. Mais à Paris, je constate que ça reste très présent. Si le bistrot parisien venait à disparaître totalement, ça me laisserait orphelin.