Au pèlerinage des prêtres martyrs de l’île Madame, l’archevêque de Paris invite au pardon

Depuis 1910, les catholiques se rassemblent pour un pèlerinage vers l’île Madame, près de Rochefort (Charente-Maritime). Ils vénèrent le martyr de prêtres déportés durant la Révolution. Ce Jeudi, près de 1 000 personnes ont répondu à l’appel, avec l’archevêque de Paris en invité d’honneur

Les pèlerins ont effectué une procession depuis le sanctuaire de Port-des-Barques jusqu’à la Croix des Galets, dans l’île Madame. LP/Amélia Blanchot
Les pèlerins ont effectué une procession depuis le sanctuaire de Port-des-Barques jusqu’à la Croix des Galets, dans l’île Madame. LP/Amélia Blanchot

    La messe solennelle était pleine à craquer. Dans le jardin du sanctuaire de Port-des-Barques, les chaises ne suffisent pas à faire asseoir tous les fidèles. Ce jeudi 26 août, près de 1 000 personnes se sont donné rendez-vous. Chaque année depuis 1910, cette petite commune près de Rochefort est le point de départ d’un pèlerinage vers l’île Madame.

    Sur ce confetti de l’estuaire de la Charente, long d’1 km et large de 600 m, les catholiques se rassemblent pour vénérer le martyr des prêtres déportés sur les pontons de Rochefort. Après le temps de communion, place à la procession qui s’étend sur la passe aux Bœufs, une langue de terre rendant l’île accessible à marée basse. Une quarantaine de prêtres - essentiellement des diocèses voisins - ouvrent la marche. Monseigneur Michel Aupetit, l’archevêque de Paris, est l’invité d’honneur de ce rassemblement diocésain. Il s’est placé en fin de cortège des prêtres. « C’est notre tête d’affiche », sourit Monseigneur Georges Colomb, évêque de La Rochelle et Saintes, ravi de comptabiliser « plus de monde que l’an passé ».

    « Le message de l’amour doit être plus fort que celui de la haine »

    Au sanctuaire, une plaque rappelle que « 829 prêtres et religieux ont été déportés » au cours de l’année 1794. Arrêtés en raison de leur fidélité à l’Église, ils devaient partir pour la Guyane mais sont restés ancrés dans cette embouchure de la Charente. 547 d’entre eux ont succombé aux mauvais traitements infligés dans les navires.



    « Aujourd’hui, il ne s’agissait pas de célébrer l’enfer mais plutôt la réconciliation de la nation », souligne l’évêque de La Rochelle et Saintes. « Ces prêtres ont pardonné à leurs bourreaux. La notion du pardon et de la fidélité est un message très important que j’ai développé lors de mon homélie. C’est essentiel car nous vivons actuellement des conflits, des divisions. Nous sommes dans une démarche d’union pour reconstruire une fraternité. Le message de l’amour doit être plus fort que celui de la haine », confie Mgr Aupetit.

    L’archevêque avait effectué ce pèlerinage « une fois », il y a trente ans, alors qu’il était séminariste. Ce 26 août, il était la vedette du jour, se prêtant volontiers au jeu des selfies avec les fidèles.