Bayonne : un espace de prévention contre les agressions sexuelles pendant les fêtes

Pour la première fois, une permanence assure la prévention des agressions sexuelles et l'accueil des victimes pendant les 81èmes Fêtes de Bayonne.

 Si les comportements sexistes ne sont pas punis par la loi, les agressions sexuelles sont des infractions pénales passibles de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.
 Si les comportements sexistes ne sont pas punis par la loi, les agressions sexuelles sont des infractions pénales passibles de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende. AFP/IROZ GAIZKA

    «Violences sexistes, non c'est non». A la permanence du Centre d'accueil de prévention, matérialisé par une tente blanche plantée au coeur des Fêtes de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), à côté du poste de secours, on en lésine pas sur les slogans. La journée a été positive, nous avons eu de multiples échanges avec des jeunes venus s'informer ou chercher des auto-collants», indique Claire Sabalo, juriste à l'Association pour l'égalité entre les hommes et les femmes (AEFH). Elle fait partie des 19 bénévoles qui assurent la permanence. En haut de la tente, un slogan «Stop! Agressions sexistes-Prévention-Informations».


    L'accueil est assuré de 16 à 21 h selon les bénévoles. «A l'instar de ce qui se passe en Espagne, entre autres aux Fêtes de Pampelune, où les associations d'aide aux victimes d'agressions sexuelles ont pignon sur rue, nous avons ouvert ce centre en complément avec d'autres associations qui oeuvrent dans la ville», indique Marie-Hélène Ville, présidente de l'Association égalité femme-homme 64.


    Elle relativise cependant l'action menée. «Nous ne faisons pas un travail d'enquête, avertit-elle. Nous sommes là pour prévenir les violences sexistes, en particulier tout comportement indigne, une simple injure dans la rue, qui n'est pas punie par la loi pénale, mais qui fait que la femme victime est en état d'affaiblissement et peut devenir au fil de la soirée une proie facile, accablée par ces injures».

    «On nous a expliqué les gestes à ne pas faire»

    Sur les murs de la ville, des banderoles claquent: «Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule». «Nous disons à celles qui viennent nous voir que ce n'est pas normal, l'alcool n'excuse rien. Il faut libérer la parole. Si on sent derrière leurs propos quelque chose de plus grave, une agression sexuelle voire un viol, on oriente la victime vers les services appropriés, police, hôpital, justice», indique Marie-Hélène Ville.


    Les bénévoles ont reçu une formation au Planning Familial, au commissariat de police et de juristes: «On nous a expliqué les gestes à ne pas faire», explique Andrée Diarte, coordinatrice départementale du réseau local d'accompagnement. «Par exemple, ne jamais toucher la victime. En cas d'agression, nous allons tenter d'accompagner la victime, surtout si elle est mineure où nous avons là un devoir de protection, à l'hôpital où le protocole viol est actif», détaille-t-elle. «Il faut les convaincre de ne pas se déshabiller, de ne pas se laver pour garantir la pérennité des preuves et de porter plainte», insiste-t-elle.

    Lutte contre l'homophobie

    Un membre de l'association Lesbienne Gay Bi Trans (LGBT) Les Bascos est présent également au centre d'accueil: «L'an dernier, nous étions déjà visibles dans la ville. La semaine qui a suivi les fêtes, six personnes victimes d'homophobie sont venus nous voir. Pour deux d'entre elles, il y avait eu passage à l'acte suivi de tentatives de suicide», explique Philippe Casenave, membre de LGBT. «Notre présence pendant les fêtes est aussi une porte d'entrée pour les agressions qui n'ont pas lieu nécessairement pendant les fêtes», indique-t-il.


    Selon Samuel Vuelta Simon, Procureur de la République de Bayonne, «une dizaine de dossiers remontent jusqu'au Parquet à chaque édition des fêtes. Deux ou trois sont retenus. Il ne faut pas minimiser pour autant, beaucoup de situations sont tues par méconnaissance ou par peur».


    Si les comportements sexistes ne sont pas punis par la loi, les agressions sexuelles sont des infractions pénales passibles de cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende. Le viol est puni de 15 ans de prison. Les injures aggravées sont passibles de six mois de prison et de 22.500 euros d'amende. La non-assistance à une personne en péril est punie de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende.