Bill Clinton : «Je veux remercier les Français !»

L'ancien président des Etats-Unis, reconverti dans l'action humanitaire, était hier à Paris. Il a salué le rôle de la France dans la bataille contre le sida.

Bill Clinton : «Je veux remercier les Français !»

    A l'invitation de Philippe Douste-Blazy, l'ancien patron du Quai d'Orsay devenu président du conseil d'administration de l'organisation Unitaid, chargée d'acheter des médicaments pour les pays pauvres, l'ex-président américain Bill Clinton était hier à Paris. Il a répondu, à l'hôtel George-V, aux questions de quelques journalistes. Très engagé dans la lutte contre le sida avec sa propre fondation, Clinton, qui était proche de son homologue Jacques Chirac, salue le rôle de la France dans ce combat. Unitaid est en effet financée en partie par une taxe sur les billets d'avion, inventée par Chirac et le Brésilien Lula et déjà mise en oeuvre par une vingtaine de paysâ?¦ mais pas les Etats-Unis. Exemple, la taxe payée sur un billet de classe affaires (de l'ordre de 2 â?¬) acheté en France permet de traiter pendant un an un enfant séropositif.

    Quel est l'objet de votre visite à Paris ?

    Bill Clinton. Je veux remercier les Français d'avoir accepté le principe de la taxe de solidarité sur les billets d'avion. Elle a contribué à financer le programme Unitaid. Cela nous permet d'acheter des médicaments pour les populations pauvres atteintes du sida : si nous ne les aidions pas, tous ces gens mourraient. Cette aide est très importante car plus de trente-trois millions de personnes dans le monde vivent aujourd'hui avec cette maladie.

    En quoi consiste Unitaid ?

    Grâce à Unitaid, qui achète des médicaments en masse â?? principalement des génériques â?? nous avons réussi à faire baisser de 90 % le prix des traitements destinés aux enfants atteints du sida. Quand j'ai commencé à m'intéresser à cette question, j'ai constaté que, dans les pays pauvres, 10 000 enfants à peine recevaient des soins appropriés. A cause du coût trop élevé des traitements, 550 000 petits n'y avaient pas accès et mouraient du sida. Aujourd'hui, nous fournissons des traitements à 195 000 enfants, et plus des deux tiers des petits malades dans les pays en développement ont accès aux médicaments grâce à Unitaid. C'est une avancée énorme. Je garde une image en tête : celle d'un nourrisson de 9 mois qui était sur le point de mourir dans un orphelinat au Cambodge. Grâce au traitement, il a aujourd'hui 4 ans et est en bonne santé. Voilà pourquoi je vous remercie tous. Grâce à cette contribution citoyenne directe à Unitaid, les Français ont fait ce que personne d'autre n'avait fait auparavant. Ils peuvent en être fiers, cela aide à sauver des vies.

    Qu'avez-vous pensé des propos du pape Benoît XVI sur l'intérêt du préservatif dans la lutte contre le sida ?

    Je pense sincèrement que l'usage du préservatif doit être encouragé partout dans le monde car il est efficace à 98 %. Chaque pays doit faire passer ce message, certes en respectant ses propres valeurs. L'important est de dire que le préservatif, ça marche et que 98 % d'efficacité, c'est un taux très élevé.

    Avez-vous prévu de rencontrer Jacques Chirac lors de votre séjour en France ?

    J'aimerais beaucoup le voir mais cela dépend de son agenda et du mien. Lorsque nous avons débuté le programme Unitaid, c'était sous la présidence de Jacques Chirac. Au départ, c'était son idée et, avec Philippe Douste-Blazy, ils m'ont demandé de les rejoindre car j'étais déjà fortement impliqué dans la lutte contre le sida. Avec Jacques Chirac, nous sommes restés bons amis.

    Votre femme Hillary est secrétaire d'Etat â?? l'équivalent de notre ministre des Affaires étrangères â?? dans le gouvernement d'Obama : vous sentez-vous comme un homme au foyer ?

    L'autre jour, un ami m'a raconté que son fils de 5 ans commence à s'intéresser à la politique et qu'il est un fan d'Hillary. Quand son père lui a dit qu'il allait rencontrer le président Clinton, l'enfant lui a répondu : « Ah, tu vas voir la femme d'Hillary. » Et là, j'ai répondu que c'est un honneur pour moi d'avoir ce titre. Un peu de temps libre, ça ne fait pas de mal après avoir occupé la fonction de président des Etats-Unis. Quand j'ai quitté la Maison-Blanche, je me suis demandé ce que j'allais faire. J'ai adoré ma vie politique, mais j'estime aujourd'hui avoir une influence en m'impliquant dans des causes humanitaires grâce à ma fondation. C'est à la fois stimulant et passionnant.