Brésil : Aritana Yawalapiti, grand chef indigène, est mort du Covid-19

Le cacique a consacré sa vie à la défense des droits de son peuple et de l’Amazonie. Il est décédé ce mercredi du coronavirus.

 Aritana Yawalapiti, ici le 9 mai 2012, avait été admis dans une unité de soins intensifs et placé sous respiration artificielle il y a deux semaines.
Aritana Yawalapiti, ici le 9 mai 2012, avait été admis dans une unité de soins intensifs et placé sous respiration artificielle il y a deux semaines. REUTERS/Ueslei Marcelino

    Aritana Yawalapiti, 70 ans environ, était l'un des grands chefs indigènes du Brésil. Il est décédé ce mercredi du Covid-19, a confirmé Iano Yawalapiti, son neveu. Fervent défenseur des droits indigènes et de la préservation de la forêt amazonienne, le cacique était un important responsable de la région du Parc national du Xingu, dans le Mato Grosso, dans le sud de l'Amazonie, dont est également originaire le chef emblématique Raoni Metuktire au célèbre plateau labial.

    Aritana Yawalapiti avait dû quitter son village du Xingu pour aller dans un premier hôpital, dans l'Etat voisin du Mato Grosso, en raison de difficultés respiratoires liées à une forme sévère du Covid-19.

    Son état s'étant aggravé, il avait dû endurer un périple de neuf heures de route avec des bonbonnes d'oxygène pour relier le 22 juillet l'hôpital San Francisco de Assis de la ville de Goiania, la capitale de l'Etat de Goias (centre-ouest), mieux équipé. Il y avait été admis dans une unité de soins intensifs et placé sous respiration artificielle. Il souffrait par ailleurs d'hypertension.

    Selon son fils, un frère et une nièce du cacique sont aussi morts d'une infection au nouveau coronavirus.

    « Un jour noir »

    « C'était un grand avocat du combat pour préserver et perpétuer la culture de son peuple pour les générations futures et un militant infatigable contre la déforestation », a déclaré sa famille dans un communiqué.

    Les messages ont afflué en nombre sur les réseaux sociaux après l'annonce du décès du cacique. « C'est un jour noir, un jour de deuil pour l'humanité », a écrit sur son compte Facebook l'ONG Française Planète Amazone.

    UNE PAGE SE TOURNE AVEC LA PERTE TRAGIQUE DU CHEF ARITANA YAWALAPITI >> 📭 Postez vos messages de condoléances sur cette...

    Gepostet von Planète Amazone am Mittwoch, 5. August 2020

    « Une nouvelle figure immense de la lutte indigène s'éteint avec la disparition du cacique Aritana […] considéré comme la plus haute autorité du Haut-Xingu, où résident 16 peuples indigènes », a poursuivi l'ONG.

    Avant de tomber malade, Aritana avait lancé une campagne de récolte de fonds pour faciliter l'accès aux soins des membres de sa communauté.

    Les indigènes touchés de plein fouet par le Covid-19

    Le coronavirus, dont le bilan va franchir ces prochains jours le cap des 100 000 morts au Brésil, a touché de plein fouet les indigènes, en raison de leur immunité plus faible et d'une difficulté d'accès aux soins.

    Plus de 22 000 d'entre eux ont été contaminés par le Covid-19 et 633 en sont morts, selon l'Apib, l'Association des peuples indigènes du Brésil. Cette organisation a accusé le président d'extrême droite Jair Bolsonaro de n'avoir rien fait pour protéger les autochtones de la pandémie.

    Près de 6000 indigènes vivent dans la région protégée du parc national du Xingu de 26 000 km2 dans la forêt amazonienne. Les peuples autochtones du Brésil sont en lutte constante contre les invasions de leurs terres pour des orpailleurs, bûcherons ou éleveurs.