Cancer du sein et risque de rechute : le remboursement de tests prédictifs pour l’instant écarté

La Haute autorité de santé demande des études complémentaires avant de s’engager. Les tests prédictifs permettraient d’éviter plusieurs milliers de chimiothérapies après les opérations.

 Le test dit de « signature génomique » permet d’éviter une chimiothérapie à certains malades.
Le test dit de « signature génomique » permet d’éviter une chimiothérapie à certains malades. LP/Philippe de Poulpiquet

    La Haute autorité de Santé n'a pas tranché la polémique. Dans un avis publié ce lundi, la HAS estime qu'il est « prématuré » d'envisager le remboursement par la Sécurité sociale des tests prédictifs du risque de récidive d'un cancer du sein détecté au stade précoce.

    En France, on recense 55 000 nouveaux cas de cancers du sein chaque année. Et trop de patientes subiraient une chimiothérapie, un traitement lourd d'effets secondaires physiquement et psychologiquement douloureux. L'Institut Curie avait donc demandé un financement dérogatoire de ces tests pour permettre une « désescalade », selon les mots du professeur Roman Rouzier.

    Ces tests de « signatures génomiques » évaluent le risque d'après un groupe de gènes impliqués dans le développement de la tumeur à partir d'un prélèvement de celle-ci. Ils sont destinés à distinguer les femmes qui ont besoin ou non d'une chimiothérapie après l'opération de leur tumeur. Environ 4 500 tests ont été réalisés en 2017 dans le cadre des actes innovants.

    En juin dernier, ils avaient nourri une vive polémique entre médecins, scientifiques et patients. Le chef du service onco-génétique au CHU de Montpellier (Hérault), le professeur Pascal Pujol, président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée (SFMPP), estimait alors dans nos colonnes que les tests génomiques permettraient d'éviter 10 000 chimiothérapies.

    Quatre marques se partagent le marché de ces tests

    Ceux qui s'opposent à la généralisation de cette méthode estiment que les équipes soignantes sont capables, pour la très grande majorité des situations, de mettre en place la thérapie adaptée. Et ils déplorent le manque de fiabilité des tests : pour une femme sur cinq, voire une femme sur quatre, les tests prédictifs aboutiraient à un résultat différent selon la marque.

    Si elle « reconnaît l'intérêt potentiel » comme « outil d'aide à la décision thérapeutique », la HAS, autorité publique indépendante à caractère scientifique, demande ce lundi des éléments supplémentaires pour trancher. Tout en recommandant de prolonger « sous condition » le financement de soutien à l'innovation, qui permet actuellement leur prise en charge, elle réclame une étude comparative des quatre tests disponibles : Mammaprint, Oncolype Dx, Prosigna et Endopredict. Il faut, dit-elle, que cette étude clinique concerne « la population cible de patientes les plus à même d'en bénéficier, soit 2 000 à 4 000 femmes par an selon le chiffrage qu'on a pu faire », a indiqué à l'AFP Cédric Carbonneil, chef de service des actes professionnels à la HAS.

    Selon lui, « 5 à 10 % des quelque 40 000 cancers infiltrants localisés » seulement pourraient trouver bénéfice à ces tests génétiques. Pour les femmes présentant une tumeur de 1 à 5 cm, sensible à l'hormonothérapie, sans ganglion envahi ou avec un micro-envahissement.