«C’est important de savoir d’où l’on vient» : donneur de sperme, Sylvain dit oui à la levée de l’anonymat

Sylvain, père de deux filles, a fait un don de sperme en 2008. A l’occasion du projet de loi bioéthique, il raconte pourquoi il est favorable à ce que ses potentiels enfants biologiques le contactent.

Paris, le 11 juin. «Je ne comprends pas qu’on oblige les gens aujourd’hui en France à faire, dans l’illégalité, des tests ADN pour découvrir qui sont leurs parents», s’agace Sylvain, ancien biologiste.
Paris, le 11 juin. «Je ne comprends pas qu’on oblige les gens aujourd’hui en France à faire, dans l’illégalité, des tests ADN pour découvrir qui sont leurs parents», s’agace Sylvain, ancien biologiste.

    Le calcul est vite fait. Sylvain pourrait être le père biologique d’une quinzaine d’enfants. En plus des deux filles qu’il a élevées, aujourd’hui âgées de 26 et 12 ans, son don de gamètes, effectué en 2008 au Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) de l’hôpital Tenon, à Paris (XXe), aurait pu entraîner au maximum dix grossesses. « C’est ce qu’on m’avait en tout cas indiqué à l’époque, se rappelle l’éditeur et scénariste, 51 ans. Mais dans le cas d’insémination, les grossesses gémellaires sont fréquentes ». Sylvain sait de quoi il parle. Dans une ancienne vie, il était biologiste moléculaire. « Ça a duré vingt ans », lâche-t-il, comme s’il parlait d’une histoire d’amour.

    Comment cet homme, aujourd’hui reconverti dans la bande dessinée, en est-il venu un jour à donner son sperme ? « Disons que j’avais envie de faire quelque chose pour la collectivité », répond-il. Nous sommes alors en 2007. « J’avais l’intention de donner mon sang sauf que j’étais migraineux et je prenais un traitement pour me soigner. On m’a donc répondu que c’était impossible ». Dans la foulée, il est marqué par une histoire qui le concerne directement. « Un membre de ma famille proche s’est retrouvé confronté à de grandes difficultés pour avoir un enfant. J’ai trouvé ça très dur à vivre, moi qui étais déjà père. » Il décide alors de modifier la nature de « son don ».