«C’est ma dernière chance» : à Calais, les tentatives désespérées des migrants pour traverser la Manche avant l’hiver

Depuis janvier, environ 20 000 migrants ont rejoint les côtes anglaises depuis Calais. Pour Mohamed le Syrien, Ahmed l’adolescent yéménite et Jack, l’ancien enfant-soldat du Soudan du Sud, que nous avons rencontrés sur la Côte d’Opale, le temps presse. L’hiver approche. Ils scrutent la météo marine et sont prêts à tout pour rallier l’Angleterre.

Depuis Wimereux (Pas-de-Calais), de nombreux migrants tentent la traversée avec des canoës goflables avant que les conditions météo ne soient trop compliquées. Mais peu voient la terre promise. LP/Olivier Corsan
Depuis Wimereux (Pas-de-Calais), de nombreux migrants tentent la traversée avec des canoës goflables avant que les conditions météo ne soient trop compliquées. Mais peu voient la terre promise. LP/Olivier Corsan 

    Mohamed a ce regard vif des gens déterminés. Sous un bonnet beige sali par une nuit en forêt dans la périphérie de Calais, ce migrant de 23 ans dissimule sa détresse. Un nuage de buée accompagne chacun de ses mots : « Je dois trouver un bateau pour samedi (le 23 octobre). C’est le seul jour de beau temps de la semaine. C’est ma dernière chance. »

    Depuis son arrivée dans le Pas-de-Calais il y a trois semaines, le Syrien aux yeux charbon se démène pour atteindre son rêve : « Rejoindre l’Angleterre ». Il espère y « poursuivre des études et trouver une copine ». « Je veux juste vivre », chose impossible dans son pays en lambeaux après dix années de guerre, ou même ici, à Calais. Sa traversée de l’Europe se heurte maintenant au barrage périlleux des côtes anglaises.