Coronavirus : 3 personnels soignants contaminés à Paris à l’hôpital Tenon

L’hôpital parisien, qui avait accueilli un patient de l’Oise alors qu’il n’avait pas encore été diagnostiqué, a annoncé ce samedi avoir été directement touché par le coronavirus.

 Avec 58 personnels soignants placés en quarantaine, l’hôpital a aussi dû réduire son activité.
Avec 58 personnels soignants placés en quarantaine, l’hôpital a aussi dû réduire son activité. AFP/Fred Dufour

    27 février, formation des soignants sur le coronavirus. Le lendemain, point sur la situation, réponse aux questions du personnel. Depuis quelques jours, l'hôpital Tenon, à Paris, se préparait à des cas de contamination chez les soignants après l'hospitalisation d'un patient de l'Oise, testé positif au coronavirus. Comme il n'avait pas voyagé dans une zone contaminée, cet homme de 82 ans, dans un état grave, n'a pas tout suite été identifié comme un cas suspect. Il n'a été détecté qu'au bout de six jours, le 27 février. L'annonce est donc tombée ce samedi matin : « Nous avons trois personnels de soin qui sont positifs. Ils vont bien, ils ont été mis en unité spécialisée », a annoncé Gilles Pialoux, chef du service maladies infectieuses de Tenon.

    Joint ce samedi, le spécialiste se montre rassurant : « Ce sont des jeunes qui ont les mêmes symptômes qu'un rhume ou qu'une grippe », même si précise-t-il, il pourrait y avoir d'autres cas. C'est ce qu'il appelle le « syndrome de l'Oise », un cas dont on n'arrive pas tracer l'origine de la contamination et qui en infecte d'autres.

    « Le taux d'occupation est déjà de 98 % »

    « On a quand même l'impression d'avoir un train de retard. Déjà on n'avait pas vu venir l'épidémie italienne et aujourd'hui on a du mal à identifier tous les facteurs l'exposition. » Désormais, l'attention se tourne vers les autres cas. Il faut vite les repérer. Ainsi, des patients qui ont un syndrome de détresse respiratoire aigu non identifié sont actuellement en train d'être testés à l'hôpital. « Ils sont les plus à même de développer des formes graves », prévient l'infectiologue.

    Avec 58 personnels soignants placés en quarantaine à domicile, l'hôpital a aussi dû réduire son activité. Ni les pompiers ni le Smur n'y amènent de nouveaux patients, seuls ceux qui se présentent d'eux-mêmes aux urgences sont pris en charge. Malgré ces mesures, la situation inquiète à l'heure où les établissements de soin sont déjà saturés et les soignants en nombre insuffisant. « On ne trouve pas 58 personnes en claquant des doigts le week-end », s'inquiète Gilles Pialoux.

    Si les hôpitaux sont déjà rodés à gérer des virus émergents et à isoler les patients, une question reste : pour quel nombre? « Le taux d'occupation est déjà de 98 %, soit on pousse les murs, soit on fait sortir les malades! » Gare à la panique qui pourrait envoyer des flux de patients vers les hôpitaux alors que 85 % des personnes infectées ont des formes bénignes. « Tous ceux qui toussent ne pourront pas être testés, c'est impossible », avertit le spécialiste. Les autorités sanitaires sont déjà en train de revoir leur stratégie. Ceux qui ont des symptômes légers, seront de plus en plus invités à rester confinés chez eux. La seule façon de se concentrer sur les malades graves qui, eux, ont besoin de soins.

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