Gaspillage alimentaire : et si on arrêtait de respecter les dates limites de péremption?
Des associations et des géants de l’agroalimentaire publient lundi un livre blanc que nous avons pu consulter. Un mot d’ordre : changer les dates de péremption et lutter contre le gaspillage alimentaire.
Trois petits mots qui peuvent changer beaucoup… Et si sur nos aliments les moins sensibles du type paquets de café, petits gâteaux secs, etc. on ajoutait « et aussi après » » à la suite du célèbre « à consommer de préférence avant le ».
C'est l'une des préconisations du livre blanc « les dates de péremptions une idée dépassée? » porté par l'appli Too good to go et l'association écolo France nature environnement (FNE). Ces militants de « jeter moins » ont voulu publier leur rapport alors qu'on fête ce lundi le troisième anniversaire de la loi anti-gaspillage alimentaire qui oblige notamment les grandes surfaces à donner leurs invendus.
Pourquoi ajouter « Et aussi après » ? Parce que l'inscription « à consommer de préférence avant » est une date de durabilité minimale (DDM) ne veut à peu près rien dire. Ce n'est qu'un indicateur de la qualité de nos aliments : passé ce moment le produit peut perdre de ses couleurs, avoir un drôle de goût même, mais pas présenter de risques pour la santé. Or la plupart des consommateurs y perdent leur latin : 53 % des consommateurs ne comprennent pas cette mention. Comment expliquer en effet qu'un jambon tranché grande marque affiche une date à consommer de préférence de trois semaines, quand un jambon tranché de distributeur seulement d'une semaine ?
Depuis 2017, les quatre plus importantes laiteries de Norvège rajoutent « mais pas mauvais après » sur leurs produits, pour que les consommateurs de ce pays scandinave y retrouvent leurs petits. « En France, Carrefour, Monoprix, Biocoop, Bel (La Vache qui rit) se sont déjà engagés à suivre ce bon exemple à compter de 2019 », poursuit Lucie Basch, ex-ingénieur agronome qui a quitté un géant de l'agroalimentaire pour fonder l'appli antigaspi Too good to go.
« Il est temps que les consommateurs fassent confiance à leurs sens : le visuel, l'odeur et le goût du produit, insiste-t-elle. Prenez un comté, si vous l'achetez dans un supermarché, il est assorti de cette DDM. Si vous allez dans une fromagerie, vous vous fierez à vos sens. Preuve qu'on sait le faire. »
Un quart (25 %) des consommateurs affirme de jamais consommer leurs produits une fois la date passée. Un autre quart (26 %) passe eux à la benne leurs produits un jour avant la date de péremption indiquée. Cette confiance aveugle dans les industriels est plus prononcée chez les jeunes que chez les plus âgés.
« Pourtant ajouter un jour de vie supplémentaire sur les produits permettrait de réduire le gaspillage alimentaire de 170 000 kg par an ! » insiste la passionaria anti-gaspillage. En effet, selon une étude de l'association anti-gaspillage alimentaire WRAP, en ajoutant un jour supplémentaire sur la durée de vie des produits, le gaspillage alimentaire serait réduit de 0,3 % soit une réduction de 20 % du gaspillage alimentaire dû aux dates de péremption. Cette réduction équivaut à 80 000 t de gaspillage évité chez les distributeurs avec un gain financier de 100 millions d'euros.