La justice refuse le prénom breton de leur bébé à cause de son orthographe

Ce prénom est notamment porté par deux écrivains : Fañch Peru et Fañch Broudig.

Un couple de Bretons qui souhaitait prénommer son nouveau-né Fañch a essuyé un refus des services de l'état-civil
Un couple de Bretons qui souhaitait prénommer son nouveau-né Fañch a essuyé un refus des services de l'état-civil (AFP/JOEL SAGET)

    Le tribunal de Quimper (Finistère) a refusé mercredi qu'un bébé breton porte le nom de «Fañch», en estimant que le tilde (signe diacritique en forme de S couché) était incompatible avec la loi française. Ce prénom d'origine bretonne est notamment porté par deux écrivains : Fañch Peru et Fañch Broudig.

    «Le principe selon lequel les prénoms de l'enfant sont choisis par ses père et mère doit connaître des limites lorsqu'il s'agit d'utiliser une orthographe qui comprend un signe diacritique non reconnu par la langue française, estime le tribunal dans son jugement. Admettre l'inverse reviendrait en effet à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l'unité du pays et l'égalité sans distinction d'origine».

    «C'est un pavé qui nous est tombé sur la tête»

    L'officier d'état civil de Quimper avait dans un premier temps refusé d'inscrire le prénom Fañch sur l'acte de naissance, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard. Né le 11 mai 2017, le jeune garçon dispose déjà d'une carte d'identité et d'un passeport avec son prénom orthographié avec un tilde. La décision du tribunal, «c'est un pavé qui nous est tombé sur la tête», a réagi le père Jean-Christophe Bernard. «On ne veut pas que ça s'arrête là. Il aura son tilde, c'est sûr. Quand? On ne sait pas. On va voir avec un avocat et avec la mairie de Quimper ce qu'on peut faire», a-t-il ajouté.


    Dans sa décision, le tribunal de Quimper cite notamment une circulaire du 23 juillet 2014 ne retenant pas le tilde parmi les signes diacritiques utilisables dans la rédaction des actes d'état civil. La juridiction souligne en outre que l'article 75-1 de la Constitution affirmant que les «langues régionales appartiennent au patrimoine de la France» ne crée ni droit ni liberté, conformément à décision du Conseil constitutionnel.