« Je lui ai dit, tu vas en baver » : avant Inoxtag, Nadir Dendoune avait aussi gravi l’Everest

En 2008, le journaliste indépendant Nadir Dendoune - ancien du Parisien - a gravi l’Everest sans avoir suivi une préparation intense. Il l’a racontée dans un livre qui a inspiré la star d’Internet Inoxtag, qui a lui aussi réalisé cet exploit, et sorti ce samedi Kaizen, un film à ce sujet sur sa chaîne YouTube.

    Lui aussi a réussi à gravir l’Everest, le plus haut sommet du monde (8 848 m). C’était il y plus de seize ans, le 25 mai 2008. Et sans aucune expérience, comme le youtubeur star Inoxtag qui publie ce samedi un documentaire de plus de deux heures retraçant sa folle expérience, de ses préparatifs à son ascension.

    Ce film, Nadir Dendoune, 51 ans, l’a vu depuis le Grand Rex - il était diffusé en avant-première ce vendredi soir dans de très nombreux cinémas français - avec sa mère et son neveu. « J’ai senti qu’Inès (le prénom d’Inoxtag, NDLR) était content », raconte-t-il par téléphone ce samedi depuis la « fête de l’Huma », d’un ton enjoué.

    En 2008, Nadir Dendoune - ancien journaliste au Parisien au début des années 2000 et désormais indépendant - se lance un défi fou : gravir l’Everest. « Je voulais aller là où les gens ne m’attendaient pas forcément », se remémore celui qui vient d’un « quartier populaire » de Seine-Saint-Denis. Une aventure et un succès qu’il racontera en 2010 dans son ouvrage « Un tocard sur le toit du monde », adapté en 2017 au cinéma sous le nom de « L’Ascension ».

    Nadir Dendoune, originaire de l’Ile-Saint-Denis, en haut de l'Everest en 2008.
    Nadir Dendoune, originaire de l’Ile-Saint-Denis, en haut de l'Everest en 2008.

    « J’étais parti à l’arrache, sans vraiment m’entraîner. » « J’ai lu son livre, ça m’a beaucoup marqué », a rapporté Inoxtag à nos confrères de BFMTV.

    « Ce serait bien qu’on se parle »

    Alors quand Inoxtag annonce en février 2023 qu’il veut faire la même chose, ses réseaux sociaux s’emballent. « Tout le monde m’a identifié, raconte Nadir Dendoune. Inoxtag m’a ensuite envoyé un message en me disant : ce serait bien qu’on se parle. » Les deux hommes se rencontrent donc, au début du projet du célèbre youtubeur. « Je lui ai dit : tu vas en baver, assure-t-il. Plus tu vas marcher doucement, plus tu vas boire, plus tu vas rester humble, plus tu as de chance d’y arriver. » Car Nadir, plus que tout le monde, le sait : parvenir au sommet de l’Everest est loin d’être commun.

    Inoxtag, 22 ans, se prépare donc pendant un an : course à pied, musculation, ascension de montagnes… « Tous les mois, nous partions aussi une semaine ou deux à Chamonix pour que je sache m’encorder, gérer une situation compliquée, me sécuriser », a-t-il raconté au Parisien de retour de son aventure. « Il a joué le jeu, il a pris un guide de haute montagne qui est un crack, il s’est préparé comme un athlète de haut niveau », observe Nadir Dendoune, qui avoue ne pas s’être lui-même autant préparé à l’époque.



    Nadir et Inès se revoient également en mars 2024, peu avant le départ du jeune homme qui compte désormais plus de 8 millions d’abonnés sur YouTube. « Je lui ai dit que j’étais fier de lui », raconte Nadir Dendoune. « Il m’a confié que quand il se préparait, il pensait à moi et à ce que je lui avais dit : des petits pas, en étant tranquille, de l’eau de la nourriture… et il était bien épaulé aussi », se souvient-il. « Il s’est peut-être aussi identifié à moi, je suis aussi un mec de la ville. »

    Au moment où il s’est lancé, Nadir Dendoune se rappelle avoir essuyé des critiques, pointant notamment du doigt son inexpérience. « On m’a dit : qu’est-ce que tu fais là, et Inoxtag a vécu un peu pareil. Le regard des autres, c’est sans doute ce qui a le plus changé pour moi derrière », appuie celui qui répète que « la montagne, c’est pour tout le monde ». « Ce n’est pas que pour une élite, même si certains au sein de cette élite sont plus ouverts. »

    « Je pense que ça va le faire grandir »

    Grâce à cette folle expérience longue de huit semaines - les « plus dures » de sa vie -, Nadir Dendoune parvient à relativiser de nombreuses choses. « Quand tu souffres le calvaire, le reste est plus facile. Tu gardes des images dans la tête, des souvenirs de toutes ces souffrances », estime-t-il, encore seize ans après. « J’ai vécu plus de cinq semaines à plus de 5 000 m d’altitude, j’ai mis trois mois à m’en remettre quand je suis rentré », ajoute-t-il. En parlant d’Inoxtag : « Je pense que tout cela va le faire grandir. »

    Parmi les points positifs, selon Nadir Dendoune : « l’impact » que l’ascension d’Inoxtag et son documentaire sur les personnes - souvent jeunes - qui le suivent aura. « Il touche une jeune génération. S’il arrive à leur faire comprendre qu’il faut se lancer des défis, qu’il faut aller faire du sport, c’est super (…) Il a aussi donné envie à des gamins ultra-connectés de se déconnecter », se réjouit le journaliste indépendant. « Mais pour moi, le vrai Everest, c’est d’essayer d’être heureux dans sa vie. Moi aujourd’hui ce qui me rend heureux, c’est de voir ma mère tous les jours. »