La légalisation de l'euthanasie débattue aujourd'hui

La légalisation de l'euthanasie débattue aujourd'hui

    Pour la première fois, une proposition de loi légalisant l'euthanasie sera débattue aujourd'hui à l'Assemblée nationale. « Il y a déjà eu des propositions sur l'euthanasie déposées à l'Assemblée, mais elles n'ont jamais été mises à l'ordre du jour ni discutées », se réjouit le député (PS) Manuel Valls, rapporteur de ce texte porté par le groupe socialiste, dont Laurent Fabius, Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici.

    La loi Léonetti jugée insuffisante. La loi Léonetti autorise le « laisser mourir », en soulageant la douleur et en arrêtant les traitements, mais pas le « faire mourir », qui consisterait à injecter une substance dans le but de provoquer la mort. « Tout le monde sait que, parfois, cela revient au même et que certains traitements pour soulager la douleur accélèrent le décès, critique Manuel Valls. Il est temps de mettre un terme à cette hypocrisie et d'autoriser, dans un cadre strictement réglementé, l'euthanasie. » Par ailleurs, selon le député de l'Essonne, la loi Léonetti ne prend pas en compte toutes les situations. Il reste la question des personnes dont l'arrêt du traitement ne suffit pas à les soulager, et qui ne souhaitent pas que leur coma soit prolongé.

    Uniquement pour les personnes majeures. La proposition de loi dispose que seuls les plus de 18 ans, atteints d'une maladie incurable avec une souffrance physique ou psychique qui ne peut être soulagée, pourront demander une assistance médicalisée pour mourir. « Cette demande se fera auprès du médecin traitant, poursuit Manuel Valls. Celui-ci devra alors saisir trois autres médecins afin de juger de la situation de la personne. » Ils ont ensuite huit jours pour donner ou non leur feu vert.

    Piqûre de potassium. Une fois que les médecins ont accepté la demande, reste encore un délai de deux jours avant que l'acte ne puisse être pratiqué, durant lequel le patient pourra se rétracter. « L'acte consistera en une piqûre de potassium, souligne Manuel Valls. L'euthanasie se pratiquerait vraisemblablement à l'hôpital, mais le principe d'une mort à domicile n'est pas écarté. Ensuite, le dossier devra être enregistré et contrôlé par une des commissions régionales de contrôle qui seront créées spécialement à cet effet. »

    La possibilité de rédiger une lettre avec ses volontés. C'est ce que le texte prévoit et ceci lorsqu'on est en bonne santé, en prévention d'une éventuelle maladie incurable et invalidante empêchant que l'on exprime sa volonté. Cette lettre devra indiquer précisément dans quelles conditions l'euthanasie devra être pratiquée. Transmise par une personne de confiance désignée par le patient, la demande sera ensuite étudiée par le collège de quatre médecins. Dans tous les cas, chaque praticien sera libre de refuser de pratiquer l'euthanasie, même si un dossier a obtenu un feu vert. Le patient sera alors orienté vers un autre médecin. Même si le sujet dépasse le clivage droite-gauche, ce texte a peu de chance d'être adopté par les députés UMP, qui devraient rester sur la ligne de leur collègue Jean Léonetti, contre l'euthanasie. En tout cas, c'est ce qu'espère l'Alliance pour les droits de la vie, qui a décidé de manifester ce matin devant l'Assemblée nationale pour protester contre ce texte.