Les députés donnent leur aval au passage de 3 à 11 vaccins obligatoires

Le projet a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale.

 Le passage à onze vaccins obligatoire sera effectif en 2018. (Illustration).
Le passage à onze vaccins obligatoire sera effectif en 2018. (Illustration). LP/Olivier Corsan

    Les députés ont voté vendredi l'extension de trois à onze du nombre de vaccins obligatoires pour les jeunes enfants qui naîtront à partir du 1er janvier 2018, à l'issue de vifs débats.

    Ces onze vaccins - coqueluche, rougeole-oreillons-rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae (source de méningites), pneumocoque, méningocoque C, en plus de la diphtérie, du tétanos et la poliomyélite - seront indispensables à l'enfant pour être admis en collectivité (crèche, école…), ainsi que le prévoit l'article du projet de budget de la Sécu, qui a été adopté en première lecture.

    Lors du débat, la députée Michèle Peyron (La République en marche) a lâché : « Il y a trente ans, j'ai voulu attendre moi aussi et j'ai perdu un enfant », non vacciné. Son intervention, qui a suscité de l'émotion sur tous les bancs, a été suivie par une suspension de séance, à la demande de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

    Auparavant, la ministre avait défendu le principe de la vaccination, « médicament qui a sauvé le plus de vies au monde ». Or, depuis vingt ans selon elle, « nous avons baissé la garde » et « oublié ce qu'étaient ces maladies » qui ressurgissent, telle la rougeole qui a fait « une dizaine de morts ces quatre dernières années ».

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    Apparaissant assez isolée dans son groupe, Blandine Brocard (LREM) a demandé vainement la suppression de l'article, déplorant qu'« on contraint mais on ne convainc pas » et demandant un délai de « quelques mois » pour « rétablir la confiance ».

    Pour leur part, les communistes et les Insoumis, « défenseurs de la vaccination » en général, se sont interrogés notamment sur une « précipitation » du gouvernement à légiférer en la matière. Ils ont aussi prôné un « pôle public de production des vaccins », au lieu des laboratoires pharmaceutiques privés. Ils avaient également soulevé la question des effets controversés de l'aluminium contenu dans certains vaccins pour accroître leur efficacité.

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    La ministre a aussitôt accusé l'ancien candidat à la présidentielle de chercher à se « refaire une santé sur le dos de nos enfants », et de vivre « à l'ère de la post-vérité ».