Migrants : le Lifeline est arrivé à Malte

Le navire de l’ONG du même non a accosté dans le port de La Valette à Malte mercredi en fin de journée. Il avait recueilli plus de 200 migrants à son bord.

 Un enfant est débarqué du Lifeline dans le port de La Valette à Malte, ce mercredi.
Un enfant est débarqué du Lifeline dans le port de La Valette à Malte, ce mercredi. REUTERS

    L'attente a été longue. Le navire humanitaire Lifeline est arrivé mercredi en fin d'après-midi dans le port de La Valette à Malte, après une semaine d'attente en Méditerranée.

    Le bateau, affrété par l'ONG allemande du même nom, s'est amarré à l'un des quais de ce port dans la capitale maltaise où il sera ensuite autorisé à débarquer les 234 migrants qu'il a secourus au large de la Libye il y a une semaine. Ces derniers seront alors répartis dans huit pays européens prêts à les accueillir.

    Mardi, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte avait annoncé que Malte acceptait d'accueillir le bateau. La condition, après plusieurs refus, semble d'avoir été que huit pays européens dont l'Italie et la France acceptent de prendre en charge les migrants.

    Huit pays se sont engagés mardi à accueillir les migrants

    Un important dispositif de sécurité entoure le navire à quai, où les autorités maltaises vont pouvoir commencer les examens médicaux et les formalités concernant ces migrants, dont l'odyssée prend fin après une semaine en Méditerranée, dont plusieurs jours dans des conditions sanitaires fortement détériorées.

    Mardi, au terme de plusieurs alertes postées sur Twitter par l'ONG, le Premier ministre maltais Joseph Muscat avait fait savoir que le navire allait « rejoindre nos côtes ce soir ». Une forme de feu vert à l'équipage pour débarquer ses passagers.

    Huit pays se sont engagés mardi à accueillir les 234 migrants, à raison de « quelques dizaines d'individus par pays » d'accueil, a précisé Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Rome, à l'issue de son audience avec le pape François. Mais selon Axel Steier, cofondateur de la Mission Lifeline, le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer aurait bloqué « toutes les solutions depuis ». Pourtant l'Allemagne ne figure par parmi les huit (Malte, l'Italie, la France, l'Espagne, le Portugal, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas).

    Malte prête à diligenter une enquête

    Le gouvernement maltais a confirmé l'accord de répartition mais aussi annoncé dans un communiqué que, si le Lifeline arrivait sur l'île, il enquêterait et prendrait des mesures contre le navire « qui a ignoré les instructions données conformément aux règles internationales par les autorités italiennes ». L'Italie avait accusé l'ONG d'avoir contourné le droit international en prenant les migrants à son bord alors que les garde-côtes libyens étaient sur le point d'intervenir.

    Le bateau devrait donc être mis sous séquestre pour les besoins d'une enquête ouverte à l'encontre du capitaine du Lifeline, coupable selon le Premier ministre maltais Joseph Muscat d'avoir « agi contre les lois internationales et ignoré les directives des autorités italiennes ».

    « Et de deux ! Après l'Aquarius envoyé en Espagne, c'est désormais au tour du navire de l'ONG Lifeline d'aller à Malte avec ce navire hors-la-loi qui en définitive sera séquestré », avait twitté Matteo Salvini, l'homme fort du nouveau gouvernement italien.

    Même Emmanuel Macron avait critiqué le rôle du Lifeline qui « est intervenu en contravention de toutes les règles et des garde-côtes libyens » et qui a fait « le jeu des passeurs », un reproche selon lui « indicible dans l'émotion collective ».

    Au « nom de l'humanitaire », il n'y aurait, selon le chef de l'Etat, « plus aucun contrôle ». Et cette situation aboutirait à faire « le jeu des passeurs en réduisant le coût du passage, pour les passeurs », puisque ceux-ci abandonnent bien vite leur cargaison humaine aux ONG pour retourner charger leurs radeaux de misère d'un nouveau flot de désespérés. « C'est d'un cynisme terrible », a déploré le président français.