Nager, ça s'apprend à tout âge !

    Pour prévenir les noyades, les seniors doivent se mettre à la brasse coulée ! Or, selon une enquête publiée hier, ils sont nombreux à ne pas savoir nager.

    « Au début, c'était très difficile. J'arrivais devant la piscine, mais je voulais tout de suite repartir. » C'est à Lagny, en Seine-et-Marne, que Maria Bolzan, 66 ans, a appris à nager il y a seulement un an. Au bout de huit mois de persévérance, cette retraitée a réussi à dompter sa phobie de l'eau qui la paralysait depuis l'enfance.

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    Contrairement aux idées reçues, Maria n'est pas la seule à ne pas savoir aligner les longueurs. Selon une étude de Santé publique France publiée ce mardi, près de 31 % des plus de 15 ans ne savent pas nager ou savent le faire mais sur environ... 10 m, ce qui ne permet pas toujours de s'extirper d'une situation compliquée. Mais c'est surtout chez les plus de 65 ans que la brasse et le crawl ne vont pas de soi : plus d'un sur deux (52,6 %) ne les maîtrise pas.

    Un chiffre impressionnant dans la mesure où ces tranches d'âge sont particulièrement touchées par les noyades. Celles-ci sont responsables, en France, de près de 500 décès accidentels chaque été. Outre les jeunes enfants « relevant bien souvent d'un défaut de surveillance », note l'enquête, les « services de secours mentionnent très fréquemment l'inaptitude à la nage comme facteur à l'origine ou aggravant la noyade ». « L'encouragement à apprendre à nager, et à bien nager, à tous les âges, y compris pour les seniors, surtout pour les femmes et les personnes de condition modeste, apparaît ainsi comme un axe majeur de prévention », conclut l'enquête de Santé publique France.

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    Une bonne nouvelle toutefois, la situation s'améliore pour les plus jeunes générations grâce à la généralisation de l'apprentissage de la natation à l'école à partir des années 1960. Les 15-24 ans sont désormais 83,3 % à savoir nager 50 m ou plus de deux minutes.

    La ténacité paye

    Née en Espagne, Maria n'a jamais vraiment eu l'occasion d'apprendre. « En vacances, c'est tout juste si je me mouillais les pieds », explique la Seine-et-Marnaise. Ce n'est qu'une fois retraitée qu'elle se décide à faire le grand saut. Car l'inactivité, selon Maria, « c'est la mort ». Et puis, « j'avais l'impression de me priver de quelque chose », raconte-t-elle.

    Ses premiers cours ont commencé par les bases : mettre la tête sous l'eau. Loin d'être évident. D'ailleurs, la moitié de son groupe de dix personnes a abandonné en cours de route les séances hebdomadaires. « Ce n'était pas évident de tout apprendre à cet âge », s'excuse-t-elle. Mais la ténacité de Maria a payé : elle finit par plonger du bord. Un must, même si c'est « en fermant les yeux et en criant très fort ».

    Elle pourra désormais se baigner cet été. « Tous les ans, j'amène mon maillot de bain. Mais cette année, je vais enfin pouvoir l'utiliser. » Tout en prenant ses précautions. « Je ne suis pas une nageuse de haut niveau, mais je suis très fière de moi.» Elle aura l'occasion de progresser. C'est décidé, en septembre, elle se réinscrit.