Ne pas faire de vagues

Sur le front de la laïcité dans l’enseignement, les profs se retrouvent encore trop souvent seuls pour faire face aux menaces et aux intimidations. L’éditorial de Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions du Parisien - Aujourd’hui en France.

Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions du Parisien - Aujourd'hui en France. DA Le Parisien
Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions du Parisien - Aujourd'hui en France. DA Le Parisien

    « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », écrivait Albert Camus. Quelques décennies plus tard, on pourrait affirmer que faire semblant que les choses vont bien sur le front de la laïcité dans l’enseignement, c’est taire un phénomène qui prend de l’ampleur. Jeter — si l’on peut dire — un voile pudique sur une situation que les enseignants vivent en première ligne. Aujourd’hui, la moitié des profs reconnaissent d’ailleurs s’autocensurer quand il s’agit d’aborder des sujets « sensibles », comme certains événements historiques, des auteurs ou des textes qui pourraient être pris comme une provocation.

    Il y a quelques semaines, nous avions ainsi publié le témoignage d’un enseignant qui disait sa difficulté à évoquer en classe la philosophie de Voltaire, jugée trop critique à l’égard des religions, l’impossibilité d’aborder un texte comme « l’Amant », de Marguerite Duras. Sans même parler de la Shoah, sujet tabou.