Pollution : les enfants sont les plus exposés

Dans la rue, les enfants sont jusqu'à 37% plus exposés que les adultes au dioxyde d’azote selon une étude allemande. En France, 78 associations et médecins saisissent ce mardi le Conseil d’Etat.

 Les mesures ont été prises à une hauteur d'un mètre et de deux mètres : une estimation de l'exposition des enfants par rapport à celle des adultes. (Illustration)
Les mesures ont été prises à une hauteur d'un mètre et de deux mètres : une estimation de l'exposition des enfants par rapport à celle des adultes. (Illustration) LE PARISIEN/YANN FOREIX

    En cas de pic de pollution, le ministère de la santé recommande aux femmes enceintes, aux parents de nourrissons et d'enfants en bas âge de privilégier des sorties plus brèves demandant le moins d'efforts possible. Si l'on savait déjà que cette catégorie de population est particulièrement sensible aux particules fines et autres gaz toxiques émis dans l'atmosphère, une étude publiée ce mardi enfonce le clou. D'après l'ONG environnementale Deutsche Umwelthilfe, les enfants sont jusqu'à 37% plus exposés que les adultes.

    L'association a mesuré la pollution de l'air par le dioxyde d'azote (NO2) dans 500 rues de six villes allemandes sur une période d'un mois entre le printemps dernier et cet été. Les mesures ont été prises à une hauteur d'un mètre et de deux mètres : une estimation de l'exposition des enfants par rapport à celle des adultes. «Dans la grande majorité des emplacements, les niveaux de NO2 étaient plus élevés à un mètre, soit en moyenne 7,2% de plus, avec 37% de NO2 en plus sur l'un des sites» détaille l'ONG.

    «Notre étude est une photographie honnête de beaucoup de villes d'Europe, estime la responsable du contrôle de la pollution atmosphérique à la Deutsche Umwelthilfe. Le NO2 est émis près du sol et a donc plus d'impact sur les animaux de compagnie et les enfants que sur les adultes. C'est une question de physique». S'ils sont plus exposés aux fumées noires issues des pots d'échappement et aux particules toxiques qui stagnent au niveau du sol, les enfants y sont aussi plus sensibles.

    Retards de croissance, eczéma et asthme

    «Des études ont montré des retards de croissance liés à la pollution chez le foetus et des risques plus accrus chez l'enfant de maladies respiratoires chroniques car leur appareil respiratoire est en plein développement, souligne le médecin Gilles Dixsaut, président du comité francilien contre les maladies respiratoires. Une étude réalisée en 2007 dans six villes françaises sur près de 8000 enfants avait notamment pointé l'effet de la pollution sur le développement de l'asthme et des allergies.

    «Les enfants résidant depuis huit ans dans des zones à pollution élevée ont trois fois plus d'eczéma, 1,5 fois plus d'asthme et presque deux fois plus d'asthme à l'effort» relève l'association santé environnement France (Asef) qui cite aussi une autre étude du journal européen de pneumologie. Il en ressort que les enfants de moins de 4 ans qui habitent à proximité de routes à fort trafic ont non seulement un risque accru de développer de l'asthme et d'avoir des infections ORL mais seraient aussi plus sensibles aux allergènes alimentaires.

    Troisième cause de mortalité en France

    Seule solution pour l'ONG allemande à l'origine de cette étude : relever les normes de pollution des véhicules et accélérer l'abandon des voitures roulant au gasoil ou à l'essence. Pour le docteur Gilles Dixsaut, il y a urgence à agir : «Les soins liées aux maladies respiratoires causées par la pollution coûtent chaque année entre 1 et 2 milliards d'euros à la France».

    C'est même la troisième cause de mortalité en France après l'alcool et le tabac, selon un collectif de 78 organisations et médecins (dont les Amis de la Terre et Greenpeace) qui saisissent ce mardi à nouveau le Conseil d'Etat pour obliger le gouvernement à agir contre la pollution. Cette juridiction, la plus haute du pays, avait déjà exigé l'an dernier un plan d'action urgent. Les ONG lui demandent notamment de soutenir financièrement les agglomérations pour leurs projets de transport en commun ou la relance du fret ferroviaire.